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 Un jour, on s'était dit que rien ni personne ne pourrait nous séparer, qu'on était liés à jamais... - Mathias

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MessageSujet: Un jour, on s'était dit que rien ni personne ne pourrait nous séparer, qu'on était liés à jamais... - Mathias   Un jour, on s'était dit que rien ni personne ne pourrait nous séparer, qu'on était liés à jamais... - Mathias EmptyMar 31 Juil - 20:19


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✖MATHIAS & ROXANNE✖
« Un jour, on s'était dit que rien ni personne ne pourrait nous séparer, qu'on était liés à jamais... »

Toutes ces remises en questions, ces heures entières à se ressasser sa vie passée sans que cela ne change quoique ce soit au présent. La vie pouvait parfois se jouer de vous, elle l’avait fait de nombreuses fois avec moi-même en m’arrachant mes parents du jour au lendemain, en me séparant de mon frère sans que je n’ai le temps de m’y préparer puis, au moment où j’avais enfin voulu prendre enfin ma vie en main, elle s’était à nouveau fait plaisir de jouer sur les mots. Je voulais repartir à zéro, arrêter de souffrir à me ressasser toutes les choses négatives que j’avais pu vivre ses dernières années, arrêter mes conneries que je trouvais bon de faire pour éviter de trop penser. Oui, j’avais voulu faire une croix sur tout ça, changer de pays, d’environnement, de métier, enfin j’avais eu des étoiles plein les yeux en m’imaginant ce que l’avenir me réservait puis, plus rien. Ah, je n’avais pas à me plaindre concernant le changement de vie que j’avais eu, ce changement qui était tout à l’opposé de mes plans certes, mais auxquels j’avais réussi à me faire, j’avais eu de la chance de tomber sur les bonnes personnes même si au départ j’avais eu beaucoup de mal à accepter ma situation. Oui, j’étais repartie à zéro comme je le voulais alors pourquoi me plaindre ? Parce que ce départ à zéro, jamais au grand jamais je n’aurais voulu le faire seule, d’ailleurs je n’aurais certainement pas été capable de prendre cette décision sans personne, je me serais contentée de sombrer encore et encore pour peut-être finir comme Grégory… C’était trop facile de se laisser abattre, de se dire que la vie vous a rendu malheureux, qu’elle vous a détruite et que donc par conséquence, vous allez simplement continuer son travail et vous laisser sombrer dans un tas de choses illicites qui ne sont au final pas faites pour vous. Ce genre de paroles, c’était toujours la même personne qui me les disait, cette personne qui, par son absence, ne cessait de me hanter et de me faire rester l’ombre de moi-même, comme si une partie de moi était restée avec elle. Mathias et moi avions été séparés lors du crash de l’avion et je ne l’avais plus jamais revu, ne sachant même pas s’il était encore en vie ou non. Cette personne si indispensable à ma vie qui avait fini par s’évaporer comme un nuage de fumée.

Ma maîtresse m’avait envoyé à la recherche de nouveaux esclaves. C’était une tâche habituelle pour moi, utiliser mes charmes pour les amadouer puis les ramener au château. Il s’avérait que j’étais plutôt douée pour cela, il faut dire aussi que je n’étais pas du genre à m’avouer vaincue facilement, mon côté têtue me poussait à ne pas lâcher prise tant que ma proie tentait de me résister. J’aimais le travail bien fait et surtout je ne voulais absolument pas décevoir Esfir, c’est pour cela que, quitte à y passer bien plus de temps, je n’abandonnais jamais. La plupart du temps, je n’aimais pas trop traîner lors de mes missions, le plus rapide était le mieux, et puis je n’avais pas envie que mes actions ne deviennent suspectes, même si j’étais parfois tenter de traîner un peu, pour une raison qui était difficile à cacher. J’arrivais dans la jungle, sombre et aux allures effrayantes, cette jungle qui, malgré tout, restait un endroit que j’appréciais particulièrement. Je remontais ma capuche sur mes cheveux et marchais, lentement, l’oreille aux aguets. Ce statut de Succube m’avait toujours beaucoup plu, jouer de mon charme pour arriver à mes fins, c’était devenu comme un jeu pour moi. Je continuais de marcher de longues minutes, m’arrêtant au moindre mouvement environnant puis reprenant ma route lorsque j’en avais identifié les raisons.

Des branches qui craquent, des bruits de pas qui se rapprochaient, je me glissais derrière un arbre pour observer incognito la personne qui semblait avancer d’un pas rapide parmi les arbres. Tout à coup, mon regard se stoppa net. Je restais sciée face à la scène qui se déroulait devant mes yeux, à une dizaine de mètres, un jeune homme qui ne semblait ne pas m’avoir aperçu se dirigeait dans ma direction, et ce jeune homme je pensais le reconnaître… J’essayais de me persuader que cela n’était pas possible, je devais devenir folle… Quelle était la probabilité pour que je tombe nez-à-nez avec Mathias, en pleine jungle alors qu’il semblait en parfaite santé. J’en avais tellement rêvé, j’y avais pensé un tel nombre de fois que j’avais l’impression que ce n’était qu’un rêve, que dans quelques secondes, il allait s’évaporer une fois de plus alors que moi je me réveillerais brutalement, extrêmement déçue d’avoir été assez naïve pour y croire.
Ce n’était pas Mathias, ça ne pouvait pas être Mathias, j’étais confuse, simplement, ce devait être un homme qui lui ressemblait et, qu’à force d’avoir tant espérer, j’avais confondu avec lui, ce ne serait pas la première fois… Les mains tremblantes et le souffle court, je continuais encore et encore à douter. Et si c’était bien lui ? Qu’est-ce que j’allais lui raconter ? Comment est-ce que j’allais lui expliquer ce que j’avais vécu depuis notre séparation ? Et puis, il y aurait un moment où il faudrait que je reparte auprès de ma maîtresse et ce moment-là serait sans doute bien pire que la dernière fois où nos chemins s’étaient séparés…

Cloitrée derrière l’arbre, j’étais bien forcée de me dire qu’il fallait que je trouve une solution et vite. De toute façon ce n’était qu’une erreur, il ne s’agissait pas de Mathias, je devenais folle, simplement. Tout à coup, je sortais de me cachette et me retrouvais nez-à-nez avec le jeune homme, postée à trois mètres tout juste de lui. « M… Mathias ? » Je ne rêvais pas, c’était bien lui, cette fois-ci le doute n’étais plus permis. J’étais incapable de toute réaction, comme impassible face au jeune homme alors qu’au fond de moi, c’était un désordre total. Lui qui n’avait cessé de me hanter pendant tout ce temps… Celui pour qui j’aurais été capable de sacrifier ma vie sans hésitation… Celui qui avait tant fait pour moi… Il était là, en face de moi, et pour de bon cette fois. Les yeux grands ouverts, j’abaissais doucement ma capuche puis les yeux légèrement humide et sans plus aucune hésitation, je m’approchais vers lui rapidement avant de le serrer de le serrer dans mes bras comme jamais je ne l’avais fait avant. C’était si bon de le sentir à nouveau près de moi, après tout ce temps… Ne relâchant pas l’étreinte tout de suite, je lui murmurais à l’oreille, ma tête nichée dans le creux de son cou. « Tu m’as tellement manqué... J’ai cru que je ne te reverrais jamais… »

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MessageSujet: Re: Un jour, on s'était dit que rien ni personne ne pourrait nous séparer, qu'on était liés à jamais... - Mathias   Un jour, on s'était dit que rien ni personne ne pourrait nous séparer, qu'on était liés à jamais... - Mathias EmptyLun 13 Aoû - 21:59

Petit, alors que je croyais encore aux contes de fées et prenais mes parents pour des modèles – ce qu’ils ne sont plus du tout aujourd’hui – j’avais l’habitude de rejoindre des amis, tous les jours à seize heures précises, juste après l’école, en bas de chez moi pour aller nous aventurer dans la forêt qui bordait la maison. A cet âge-là on s’inventait de nombreuses histoires, nous les vivions toutes à fond, jouant les pirates ou alors les aventuriers perdus dans une jungle hostile. Et même si je prenais toujours beaucoup de plaisir à me mettre dans la peau d'un survivant, jamais je n’aurais pensé, ni même voulu penser en devenir un un jour. Dans une forêt de quelques hectares qu’on connaît comme sa poche c’est grandement plus facile que dans une jungle épaisse truffée de toutes sortes d’animaux pas toujours très amicaux et d’une flore luxuriante mais dangereuse… C’est d’autant plus facile lorsqu’on sait qu’à quelques mètres à peine, on a notre maison avec une famille qui nous y attends et non un cabanon abandonné qu’on doit partager avec une presqu'inconnue, sans nourriture, avec un lit, de l’eau potable qu’il faut aller chercher après une longue marche en forêt. Finalement, être un aventurier ce n’était plus aussi drôle qu’auparavant... Certes, je n’étais pas tout seul, il faut bien l’avouer la présence de Beth était réconfortante. Au moins, je ne me sentais pas perdu et piégé, ou moins, et j’avais quelqu’un avec qui parler. Dans un sens sans elle, j’aurais sûrement fini complètement fou. La seule ombre sur le tableau c’était ses réactions étranges. Enfin étranges, plutôt inattendues disons. Presque toutes les nuits je sentais sa main sur mon épaule me secouer alors que j’étais en train de dormir paisiblement et à chaque fois je voyais son visage apeuré. Elle faisait toujours des cauchemars bizarres qu’elle s’empressait de me raconter. Parfois elle pensait avoir entendu du bruit à l’extérieur du cabanon et j’étais obligé de sortir, alors que j’étais à moitié endormi, pour lui dire qu’elle n’avait rien à craindre. C’est clair que parfois elle était fatiguante, de temps en temps même j’avais du mal à la suivre et à la comprendre mais bon, avec tous les gens à moitié fous que j’avais côtoyé, Beth était loin de m’effrayer. Des fois même ses réactions m’amusaient, enfin des fois, parce que ses cauchemars étaient vraiment pénibles. C’était simple, je ne pouvais pas passer une nuit sans être réveillé. Mais le pire, c’était que contrairement à d’autres, moi je mettais au moins deux heures avant de pouvoir me rendormir, une fois réveillé je tournais en rond comme si je n’étais plus fatigué. Alors au lieu de ranger la pièce comme une femme au foyer, j’allais dehors pour trouver des fruits, de l’eau, enfin j’allais déjeuner en gros.

Aussi, voilà qu’à quatre heures du matin j’étais en train d’arpenter la jungle seul au monde, sans savoir vraiment où mes pas me conduisaient. A chaque fois que je me retrouvais dans cette situation mes pensées s’égaraient d’elles-mêmes et je méditais sur ma vie passée et ce que j’étais à présent. Je n’étais pas nostalgique ni mélancolique même. Si j’en étais arrivé là, c’était en parti de ma faute, les billets d’avions c’était bien moi qui les avaient achetés, c’était aussi moi qui voulait reprendre ma vie en main, je ne pouvais m’en prendre qu’à ma petite personne. Et puis je n’allais quand même pas regretter ce que j’étais avant et tous les problèmes que j’avais laissé derrière moi… La seule chose qui m’empêchait d’être vraiment heureux en dehors des conditions de vie actuelles c’était Roxanne. Ma petite sœur, enfin c’était tout comme. Une des seules personnes à qui je tenais vraiment et dont j’avais besoin. Et bien elle avait disparue. J’avais perdu ma moitié, ce binôme, dans le crash. On me l’avait enlevé et malgré mes recherches je n’avais rien pu y changer. Certains à ma place seraient peut-être arrivés à passer à autre chose, ils se seraient fait une raison, ce n’était pas mon cas. Lorsque j’étais vraiment attaché à quelqu’un il m’était impossible d’oublier cette personne, et tant qu’elle ne serait pas près de moi, je resterais une coquille vide. Et même si Roxanne me rappelait aussi ce que je voulais fuir, en fait je ne pouvais pas la laisser derrière moi. C’était difficile à expliquer mais c’était au-dessus de mes forces. Gregory n’aurait pas été en prison, on serait partis tous les trois, malheureusement il en avait encore pour quelques années et vu ce qu'il m’était arrivé, je ne savais pas si je le reverrai un jour…

Je me remémorai ainsi les deux derniers mois que j’avais vécu tout en marchant comme en somnambule dans la forêt, levant la tête pour trouver de quoi manger dans les arbres. A force je commençai même à m’y connaître en fruits ! Pourtant ça n’avait jamais été d’un grand intérêt pour moi auparavant. Il faut dire aussi qu’à part la plante qui donnait du canabis, les autres végétaux étaient tous plus ou moins inintéressants. Peut-être même que si je sortais de ce guêpier sain et sauf, je deviendrais vendeur rayon fruits/légumes ou alors primeur. C’était sans doute la naissance d’une belle amitié entre moi et les bananes ? Tout en pensant à des choses plus extravagantes les unes que les autres, je regardai par terre pour faire attention où je mettais les pieds. Une fois je m’étais griffé la moitié de la jambe gauche avec des ronces, je ne préférais pas retenter l’expérience aussi aventureuse elle avait pu être. Me croyant donc définitivement seul, je n’avais même pas prêté attention aux bruits alentours qui m’auraient averti d’une présence inconnue. Enfin inconnue… pas tant que ça finalement.

Sans savoir d’où ce bruit venait, j’entendais mon nom être prononcé et vis alors une jeune femme me faire face. Intriguée j’avais vivement relevé la tête et … le choc. Dans un premier temps, j’étais resté figé, pétrifié, je ne me souviens d’ailleurs plus si ma bouche s’était ouverte mais ce n’est pas impossible. Puis avec du recul, je commençai à froncer les sourcils en pensant que je devais avoir de grosses mais vraiment très grosses hallucinations à force de dormir seulement trois heures pas nuit. Toutefois, je n’eus pas le temps de faire un seul mouvement que le sosie de Roxanne, de ma Roxanne, celle que j’avais perdue, me sauta dans les bras. Je devais être similaire à un poteau. Froid, rigide, tendu, mais sous le choc. J’avoue que dans ma tête tout était très flou, les idées se bousculaient et j’avais du mal à organiser tout ça. Le pire c’est que tout chez cette fille correspondait à Roxanne. Que ce soit sa voix, sa couleur de cheveux - et leur odeur - la forme et la couleur de ses yeux, sa taille. Tout. Absolument tout. « Tu m’as tellement manqué... J’ai cru que je ne te reverrais jamais… » Sur le coup, je ne savais pas quoi répondre. Enfin c’était surtout ma bouche qui avait du mal à articuler trois mots cohérents. Au fond, je savais que c’était bien Roxanne, aussi incroyable que cela puisse être c’était la vérité et moi j’étais sur les fesses, ébahi comme je ne l’avais jamais été, mais surtout incroyablement heureux et soulagé.

La prenant par les épaules, je l’écartai pour avoir son visage en face du mien. C’était très étrange. La première fois depuis deux mois que je la revoyais. En plus, elle n’avait rien d’une mort-vivante, elle ne semblait pas faible, ni affamée enfin elle était là, face à moi, comme je l’avais espéré de nombreuses fois. J’avais limite envie de pleurer. Plutôt, j’avais envie de pleurer, tout court. Seulement, je me contenais, je devais faire bonne figure et même si dans le cas présent c’était dur de se retenir avec toutes les émotions qui s’entremêlées en moi, je persistai. Je ne sais pas combien de temps j’y arriverai, mais peu importe. M’adossant à un arbre, j’étais soulagé d’avoir trouvé quelque chose contre quoi me caler, j’avais besoin qu’on me maintienne au cas-où je tombe à cause du choc. Je passai une main derrière mon cou, les yeux rivés sur Roxanne sans pouvoir regarder ailleurs. « Tu sais, j’ai… enfin… je suis choqué. » Il n’y avait pas à chercher plus loin. Choqué c’était le mot juste. Celui qui résumait bien la situation. « Tu m’as trop manqué, je me suis senti vraiment seul sans toi, je savais pas où t’étais, ce que tu faisais. J’ai même cru que t’étais morte à certains moments. Tu te rends compte ? C’est juste… pas possible. Mais t’étais où franchement ? Je t’ai cherché comme un malade ! » Certes je commençai à retrouver l’usage de la parole, mais c’était pas encore brillant. J’avais l’impression que tout allait s’arranger, je l’avais retrouvé c’était tout ce qui importait. Plus rien ne comptait, on était ensemble et cette fois on resterait ensemble, je ne la lâcherai pas une nouvelle fois.
M’approchant de Roxanne, je lui ébouriffai les cheveux pour l’embêter, je savais qu’elle avait horreur de ça mais disons que c’était … un geste amical ! Ensuite, encore impressionné par tout ce qui venait de se passer, je la serrai fort contre moi en me disant :  « Ca y est, je l’ai enfin retrouvée, je ne serais plus stressé et anxieux tous les jours, elle va bien c’est ce qui compte. » J’avais retrouvé ma moitié, je pouvais pas être plus heureux. « Viens on va parler, je crois que t’as des choses à me dire… et puis moi aussi. Et puis, ça risque du prendre du temps, mieux vaut être assis. » Je voulais tout savoir de A à Z, pourquoi elle était là dans la forêt, qu’est-ce qu’elle avait fait pendant deux mois, bref tout. En disant ça, je l’avais entraînée vers deux rochers face à face situés un peu plus loin. Oui, ici on avait pas de table, et encore moins de tabourets, c’était rustique, fallait s’en contenter.
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MessageSujet: Re: Un jour, on s'était dit que rien ni personne ne pourrait nous séparer, qu'on était liés à jamais... - Mathias   Un jour, on s'était dit que rien ni personne ne pourrait nous séparer, qu'on était liés à jamais... - Mathias EmptySam 1 Sep - 22:08


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« Un jour, on s'était dit que rien ni personne ne pourrait nous séparer, qu'on était liés à jamais... »

Tellement de choses avaient changé depuis que j’avais été séparée de Mathias, j’avais l’impression d’avoir vécu une centaine d’années en tout juste deux mois. Mon ancienne vie m’avait donné l’impression de n’être qu’un rêve, un coup de vent qui avait si vite disparu sans que je ne le veuille. Si j’avais pu vivre ces derniers mois avec Mathias, il m’aurait resté au moins quelque chose de mon passé qui m’aurait probablement semblé bien moins loin… Mais c’est pourquoi le retrouver ne pouvait être qu’un chamboulement dont je ne me remettrais certainement pas de sitôt. Tout à coup, tout me revenait en plein figure comme un film que l’on aurait passé en accéléré alors que je n’avais le temps que d’en retenir quelques flashs. Je me revoyais enfant heureuse auprès de mes parents, mon frère me réprimant après une bêtise, l’annonce de la mort de mes parents, les longues nuits à faire la fête, ma rencontre avec Mathias, mon frère derrière les barreaux, la préparation des bagages avant notre départ, le crash de l’avion… C’était comme si je visualisais la vie de quelqu’un d’autre en me sentant extrêmement concernée sans pour autant avoir l’impression de l’avoir vécu. Les retrouvailles avec Mathias c’était comme faire un renouveau avec ce passé que j’avais commencé à oublier et autant dire que cela avait un côté rassurant. Jamais ô grand jamais je n’aurais voulu faire définitivement une croix sur mes souvenirs et les personnes que j’aimais, même si j’avais depuis longtemps perdu l’espoir de les retrouver. Si mon cœur battait encore dans ma poitrine, j’aurais très certainement été dans un état lamentable, tentant tant bien que mal de tenir sur mes jambes devant l’une des personnes les plus importantes de ma vie que j’avais tellement espéré revoir, comme un espoir perdu d’avance…

Je restais figée sur place après l’avoir serré dans les bras, l’air presque impassible alors que tout se chamboulait à l’intérieur de moi-même. Si j’avais pu, je l’aurais immédiatement prit par la main et je lui aurais demandé de me suivre, de ne plus devoir rester sans lui, qu’il reste auprès de moi comme il me l’avait si souvent promis… Seulement, la situation était bien plus compliquée et cela aurait été égoïste que de l’emmener au palais. Il avait de la chance d’être encore, du moins en apparence, l’un des rares humains encore libres, et même si je me plaisais totalement dans mon rôle de succube, je connaissais assez Mathias pour savoir qu’il avait besoin de liberté et quitte à faillir à mon devoir, je n’avais pas le droit de lui demander une telle chose.

Il m’avait tenu un instant par les épaules puis il s’était adossé à un arbre, semblant choqué par ces retrouvailles. Choqué, il avait de quoi l’être et cette réaction était totalement prévisible à mes yeux. Je restais sur place à l’observer, sans vraiment savoir quoi dire, mélangée entre l’excitation des retrouvailles et un sentiment de gêne quant à ce que j’allais bien pouvoir lui raconter sur les deux mois qui venaient de se passer. Je savais qu’il serait difficile pour lui de me comprendre et je n’avais pas envie de l’effrayer, cela serait probablement la pire chose pour moi : le faire fuir et qu’il ne veuille plus me voir de peur de ce qu’il pourrait lui arriver. S’il y avait bien une personne à qui je ne voudrais pas faire de mal, c’était bien Mathias, puis également Jude et Esfir qui avaient eux aussi pris une très grande place dans ma vie depuis mon arrivée sur l’île.

« Tu sais, j’ai… enfin… je suis choqué. » Je baissais la tête quelques instants, pensive. Comment est-ce qu’il allait réagir en sachant que j’avais été esclave puis que j’étais à présent une succube, que je me nourrissais de sang et que j’étais au service d’une vampire. Comment est-ce qu’il allait réagir en voyant mes canines que je prenais bien soin de cacher au mieux en attendant de lui avouer la vérité… « Tu m’as trop manqué, je me suis senti vraiment seul sans toi, je savais pas où t’étais, ce que tu faisais. J’ai même cru que t’étais morte à certains moments. Tu te rends compte ? C’est juste… pas possible. Mais t’étais où franchement ? Je t’ai cherché comme un malade ! » Je relevais la tête en lui faisant un léger sourire, rassurée de le voir comme il était vraiment. Il m’ébouriffa les cheveux alors que je faisais une légère grimace, je détestais cela, il le savait, mais pourtant je devais avouer que cela m’avait presque manqué finalement.

Je fermais les yeux un instant lors de son étreinte, avec l’impression d’être en plein rêve. Si on m’avait dit le matin même que ce soir j’allais retrouver MON Mathias, je ne l’aurais certainement pas cru une seule seconde, cela avait l’air tellement irréel pour moi… « Viens on va parler, je crois que t’as des choses à me dire… et puis moi aussi. Et puis, ça risque du prendre du temps, mieux vaut être assis. » Le moment que je redoutais était sur le point d’arriver et il est clair que je ne pouvais pas passer à côté. J’étais tellement heureuse de le retrouver, j’avais une peur bleue d’être forcée de tout gâcher en lui avouant à demi-mot que malheureusement, le devoir m’obligeait à devoir me contenter de ne le voir que quelques minutes par jour tout au plus… Je le suivais et m’asseyais à ses côtés puis détournais la tête en prenant la parole, perdant quelque peu l’enthousiasme de cette rencontre imprévue. « Mathias, si tu savais tout ce que j’ai à te raconter, je ne sais pas où commencer… » Je lui lançais un regard tendre avant de détourner à nouveau la tête, prenant soin de ne pas lui montrer mes canines pour le moment, je ne voulais pas que le choc soit trop brutal, même si dans tous les cas, brutal il le serait forcément. « Surtout, je t’en prie ne prends pas peur… Sache que je suis toujours la Roxane que tu as connu et que j’ai tellement espéré ton retour, ne pas savoir si tu allais bien était une vraie torture pour moi mais si nous ne nous sommes pas croisés avant, malgré tous nos efforts, ce n’est pas pour rien… Nous ne sommes plus vraiment du même monde à présent mais ça n’enlève rien à ce qui nous lie bien sûr.. » Je soufflais avant de reprendre, doucement : « Mathias, quand il y a eu le crash de l’avion, je me suis retrouvée inconsciente et j’ai… Comment dire… Eté recueillie… Je pense qu’en deux mois tu as dû au moins entendre parler de vampires, si tu n’en as pas déjà croisé un… Je suis devenue l’esclave de l’un d’entre eux, je n’ai pas eu le choix mais rassure toi, j’ai été très bien traitée, bien mieux que j’aurais pu l’espérer puis… » Je prenais ma respiration et relevais la tête vers le jeune homme : « Je suis devenue en quelques sorte devenue l’une d’entre eux… Mon boulot est de charmer pour ramener des nouveaux esclaves auprès de ma maîtresse… Je suis une succube… » Je posais ma main sur son bras avant de m’empresser de préciser : « Rassure-toi je ne chercherai pas à te ramener avec toi, je tiens trop à toi pour ça et je ne suis absolument pas capable de te faire une chose pareille… Mais Mathias, tu ne devrais pas sortir aussi tard, c’est vraiment dangereux, crois-moi… »

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