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ranquillement, mais avec un air désespéré, je feuilletais les pages d’un dossier que Cesar m’avait remis. Personnellement, je n’étais pas franchement enthousiasmée par cette mission. A mon avis, quelqu’un d’autre aurait pu s’en occuper. Un vampire normal ou un petit bourgeois au service de la famille. Toutefois, étant la secrétaire privée de Cesar ce dernier me donnait tout ce qui lui tombait sous la main. Même si c’était futile et sans intérêt. D’un côté j’étais blessée dans mon orgueil. En effet, en étant une vampire de la noblesse et qui plus est une conseillère plutôt importante, il faut bien l’avouer, devoir classer les papiers de la banque de sang et calculer nos réserves c’était plus que rabaissant. Je savais que je pouvais faire des choses beaucoup plus importantes, m’occuper de dossiers sensibles, je me connaissais, toutefois en l’échange de son silence par rapport au complot auquel j’avais pris part, je me devais d’exécuter chacune des missions que me refilerait l’Empereur, quitte à laisser mon égo de côté ! Cesar savait pertinemment que je me sentais frustrée et accablée par ces tâches dérisoires, et je le soupçonnais de s’en amuser. En même temps, il s’agissait DU vampire par excellence, alors il était plutôt logique dans un sens qu’il soit aussi le plus sadique de tous, y compris avec ses plus fidèles serviteurs.

Soupirant face à tous ces chiffres qui commençaient sérieusement à me prendre la tête, je laissai choir les papiers sur le bureau, penchant la tête en arrière pour essayer de calmer mon mal de crâne. Il était environ sept heures du soir et j’étais déjà debout, réveillée depuis au moins deux heures, et concentrée dans ma paperasse. Il est bien évident que j’aurais largement préféré être dans mon lit comme la majeure partie des vampires à cette heure-ci. Seulement, Cesar avait envoyé un esclave me chercher et surtout me réveiller, moi qui étais en train de dormir dans ma chambre paisiblement. Lorsque j’avais entendu l’humain pénétrer dans la pièce, je vais être franche, je n’avais qu’une envie : lui arracher la tête. Comment osait-il me réveiller ? Pour qui se prenait-il ? Et même si j’avais conscience qu’il ne faisait qu’exécuter les ordres de son maître, l’aîné des Bridgestone, c’était lui qui à ce moment-là était devant moi et c’était donc exclusivement sur lui que je pouvais rejeter la faute d’un réveil si anticipé. Le pauvre en voyant ma tête d’enragée, il ne savait plus où se mettre. En même temps, je le comprenais. Etre seul face à un vampire âgé maintenant de 544 ans, ce ne devait pas être foncièrement rassurant. Cependant, étant de mauvaise humeur à cause de ce réveil désagréable, il avait subi les frais de mon mécontentement. A cet instant, je m’en fichais pas mal de savoir qu’il était un esclave de Cesar, d’ailleurs je n’en avais que faire de savoir son nom, qui il était, pourquoi il était là. Sans ménagement je m’étais levée à la vitesse de l’éclair, m’étant alors positionnée derrière lui pour le mordre à la jugulaire. Bien sûr, je ne l’avais pas tué. Je savais me contrôler et ne pas aller au-delà d’une certaine limite. Aussi, pour ne pas qu’il ait de séquelles et qu’il puisse reprendre son travail comme si de rien était, je lui avais d’ailleurs fait cadeau d’un peu de mon sang. Toutefois, malgré cet acte pour cacher la vérité, je me doutais que Cesar aurait vite compris que je m’étais nourri de son humain alors je pris le parti de l’hypnotiser. Et s’il s’en rendait tout de même compte et bien tant pis, il n’avait qu’à pas me réveiller. Ce petit avait été là au mauvais moment, point. Enfin ça, c’était à moi que je le disais, face à Cesar je n’aurais certainement pas osé lui dire ses quatre vérités, c’était une certitude, je tenais à ma vie !

Brisant le fil de ma pensée, je relevai la tête en voyant entrer dans la pièce un de mes esclaves. « Qu’est-ce que tu veux ? » Il ne semblait pas très assuré et n’osait même pas ouvrir la bouche. « Tu vas me dire pourquoi tu es là, ou je dois le deviner ? » Il leva les yeux vers moi. C’était Trevor, un nouveau. Un petit esclave que je détenais depuis à peine quelques semaines, je comprenais donc qu’il soit encore mal assuré. Toutefois, lorsqu’on se présentait face à moi et surtout lorsqu’on me dérangeait dans mon travail c’était pour me dire quelque chose, pas pour me regarder avec de grands yeux en demeurant muet. « Trois de vos incubes ont trouvé un groupe d’humains près de la plage. Ils voudraient savoir s’ils doivent les ramener à vous pour que vous choisissiez vos futurs esclaves… » Lui coupant subitement la parole je renchérissais que cela ne sera pas nécéssaire. J’irais moi-même jusque là-bas faire mon choix et voir de mes propres yeux la trouvaille de mes vampires.

Je me mettais précipitamment debout, ayant trouvé une nouvelle occupation beaucoup plus intéressante que classer des dossiers. Aussi, en quittant mon bureau juxtaposé à celui de Cesar, acte qui signifiait clairement qu’il avait dans l’objectif de garder un œil sur moi au cas-où je tente un nouveau complot –chose que je ne me permettrais plus de faire – j’avais adressé un bref sourire à Trevor. Lorsque mes esclaves me servaient bien, je me sentais reconnaissante et c’était plus fort que moi il fallait que je leur montre. Enfin, je n’irais pas jusqu’à leur rendre leur liberté ou à les considérer comme mes égaux, mais j’étais plus douce, c’était déjà ça me direz-vous !
A peine avais-je quitté le bureau que je m’imaginai déjà les réflexions que j’allais recevoir de Cesar à mon retour. Pour l’instant, il était en réunion avec ses frères et sœurs, il ne savait pas que j’étais partie et j’espérais quand même que je reviendrais à temps pour ne pas qu’il se rende compte de ma petite promenade.

Arrivée près de la plage, je rejoignis aisément mes incubes en suivant leur odeur. Aussi quelle ne fut pas ma surprise mais surtout ma joie lorsque je les vis en compagnie de quatre petits humains bien frais et qui malgré une apparente faiblesse me semblaient très bien correspondre à mes attentes. Selon moi, il suffirait de leur donner un peu de nourriture pour les remettre sur pied ! Ensuite, ils seraient opérationnels. Les incubes notèrent mon contentement et en parurent très heureux. Ils se sentaient pousser des ailes et ça m’amusait. Enfin bon. Je n’allais pas casser leur moment de plaisir, d’autant plus qu’il était pour cette fois amplement mérité. Toutefois, alors que j’observai bien de haut en bas mes nouveaux esclaves, peut-être même pour certains mes nouveaux incubes, car il faut avouer que tous les quatre étaient plutôt charmants, je sentis alors affluer jusqu’à mes narines l’odeur d’une humaine. Détournant la tête vers la plage, mon sourire disparu et pensant qu’il s’agissait d’une autre petite naufragée, je me dirigeais en vitesse sur la plage suivie par deux incubes.

J’arrivai alors à quelques mètres d’une jeune humaine aux cheveux bruns et à la peau plutôt hâlée. Enfin plus bronzée que la mienne, c’était certain. Je penchai la tête sur le côté pour l’observer, alors qu’elle se retournait d’un air surpris. Je souris en voyant son visage étonné et montrais sans pour autant la menacer mes canines déployées. Je voulais m’amuser avec elle. Depuis que Cesar m’enfermait dans le palais, clouée à mon bureau, je n’avais presque plus le temps d’être un vrai vampire. Et pour une fois que j’allais en dehors des remparts, et que je tombai nez-à-nez avec une humaine bien fraîche dont j’entendais le cœur battre même de ma place, je ne pouvais pas résister, c’était trop tentant. D’autant plus que je ne l’avais jamais vu auparavant. J’hésitais en me demandant si elle était esclave ou alors si c’était une humaine perdue comme les quatre garçons que j’allais récupérer. Toutefois, les esclaves n’étaient pas censés aller si loin de chez leur maître et certainement pas hors de la ville, les maîtres en général y faisaient attention. Aussi, m’approchant de la jeune femme d’un air naturel et presque « gentil », je m’arrêtai alors à un mètre à peine d’elle, lui faisant face, les bras croisés. Sentant la présence des deux incubes qui m’avaient suivie dans mon dos, je tournais légèrement la tête pour leur faire signe de partir, que je n’avais pas besoin d’eux. Ils ne se firent pas prier. Reposant mon attention sur l’humaine, je décidais de faire les présentations. Et non, je n’allais pas lui sauter dessus, j’avais des principes et si elle appartenait à quelqu’un je ne voulais pas me l’approprier, je respectai les droits de propriété ! « Bonsoir, je m'appelle Rozen. Dis, je peux savoir d’où tu viens et qui tu es, si tu veux bien me le dire bien sûr… » Je préférais y aller en douceur. Si elle n’avait jamais vu de vampires auparavant, je ne souhaitais pas l’effrayer pour qu’elle ait une crise cardiaque, ce n’était pas mon but. Et puis, je ne sais pas, je n’avais pas envie d’être agressive aujourd’hui, je préférais être calme. En même temps, si je revenais au palais couverte de sang, je n’étais pas sûre que Cesar m’accueille à bras ouvert. Je me devais d’être présentable tout de même !

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