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 Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE

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MessageSujet: Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE   Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE EmptyDim 2 Sep - 16:13

A CENTURY
Il y a cent ans que le soleil s'est levé une dernière fois, et me tua.

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Un siècle de déchéance, de sexe, de cruauté, de passion. Un siècle de pleurs, de solitude, de mensonge, et d’omission. Souffle ta bougie Alice, à présent cela fait un siècle que tu es dans ce château de cristal et que tu fais comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des monde possible. Elle sourit, et sortie de son lit alors que le soleil descendait à l’horizon. Les lourds rideaux qui se trouvaient dans sa chambre empêchait ce dangereux tentateur de l’enflammer. Elle avait besoin de ce rempart, elle le savait. Quand elle était arrivée au château elle était encore si fragile qu’elle était désireuse de sortir dans les jardins en pleine journée. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas revu le soleil, qu’elle n’avait pas senti sur sa peau la douceur des rayons qui réchauffent sa peau. Elle avait froid à présent, et depuis plus de deux siècles. Cent ans Alice… te rends-tu compte ? Elle se mit devant les lourds rideaux et fit mine de voir l’horizon au-delà. Elle pouvait le deviner. La couleur orangée des collines jouant avec le noir des ombres des herbes hautes, les reflets roses et violets dans les vagues qui se jettent sur la rive brillante, la lumière jouant sur les tuiles des maisons des humains et des nobles vampires du centre ville. Elle savait qu’elle trouverait tout cela derrière les rideaux pourpres, elle avait envie de le voir, mais elle n’était pas désireuse de toucher à l’incandescence du soleil. Plus autant qu’avant. Soupirant, elle attendit que la pénombre se fasse complètement, regardant les derniers rayons disparaître, laissant son monde ténébreux et assombris prendre place à la lumière et à la chaleur. Cela fait cent ans Alice, que tu aurais dû mourir sous l’étreint de cet être incandescent. Souris à présent car tu vis encore. Elle n’arrivait pas à croire que le temps était passé aussi vite, et pourtant c’était bien le cas. Cela faisait un siècle que John l’avait quittée. Un siècle qu Seth l’avait retrouvée et sauvée. Un siècle qu’elle vivait au chevet de la famille royale. Cela faisait cent ans qu’elle jouissait d’une vie qu’elle n’aurait pas dû avoir. Qu’elle jouissait d’une chance qu’elle ne pensait pas mériter. Elle sentit les méandres de la dépression venir petit à petit, et décida qu’en ce jour elle ne sortirait pas de sa chambre. Elle avait envie d’être seule, ou presque. Elle savait que la présence d’une seule personne lui serait bénéfique en ce jour si particulier. Elle savait aussi qu’elle arriverait sans doute dans les dix minutes qui devraient suivre. Echo-Alice n’était pas du genre à se lever tôt, et encore moins avant que le soleil ne soit parfaitement descendue à l’horizon. Mais aujourd’hui elle avait eu du mal à dormir, et ses rêves l’avaient toujours mené vers un passé dont elle ne voulait pas se souvenir. La guerre, son frère, John, l’abandon, l’Ecosse, et toujours ce soleil.
Enfin les derniers rayons perçaient, et elle regarda le rouge de ses rideaux disparaître pour ne laisser qu’un noir profond. Les ténèbres envahirent Heartkiller et elle resta immobile tandis que la porte s’ouvrit sur ses quatre esclaves, dont son ange salvateur. Ils restèrent un instant interdit, et elle entendit quelques chuchotements quand ils la découvrirent déjà levée, seule, dans le noir. La terreur sembla prendre certains d’entre eux qui se demandèrent que faire. Ces bavardages inutiles l’ennuyèrent et sans se retourner elle leur tint ce discours peu amène : — Vous pouvez partir, je n’ai pas besoin de vos murmures. Mauvaise elle se tourna cependant et les foudroya d’un regard impérieux. — Sérille. Restez. Exigea-t-elle d’une voix bien plus douce alors qu’elle s’adressait à sa favorite. Cela n’était un secret pour personne que Sérille était sans doute l’esclave la plus chouchoutée de tout le château. Echo-Alice tenait à la traiter comme si elle fut son égale, et souvent elles discutaient comme si cela était le cas. Aujourd’hui Echo n’avait nul envie de sortir de sa tenue de nuit, de voir la lune, ou de voir qui que ce soit d’ailleurs. C’était un anniversaire morne qui s’annonçait.

Elle se déplaçait dans sa robe blanche de nuit, qui volait autour d’elle à chacun de ses mouvements, telle un spectre, un fantôme. C’était le sentiment qu’elle avait. Elle n’était qu’un souvenir, le souvenir d’une femme morte il y a deux cent ans. Qui était-elle à présent ? Un fantasme, un mensonge, une illusion. Elle n’existait pas, et cette révélation lui donna envie de mourir. Elle prit les allumettes et alluma les chandeliers, et les bougies qui se trouvaient dans sa chambre. Elle eut l’impression de remonter dans le temps. A l’époque où elle vivait encore à Philadelphie avec son père, et qu’ils allumaient les bougies le soir venue autour de la table de la cuisine pour un dîner en famille. Ils restaient après autour de la cheminée et restaient jusqu’à ce que les flammes tarissent. Ils s’endormaient dans la chaleur d’une étreinte familiale. Elle se souvint de son Grand frère et eut envie de pleurer. Pas un être en ce monde ne lui manquait plus que son grand frère humain. Heureusement à présent elle avait Seth et sans lui sans doute ne serait-elle plus rien à présent. Mais aujourd’hui elle n’avait pas envie de le serrer contre elle. Aujourd’hui elle était prisonnière de sa mélancolie, chose qui n’était pas arrivée depuis des années. Elle voulait rester enfermée, dans le noir à attendre que la nuit soit remplacée par un jour plus lumineux. Elle termina son petit manège alors que la pièce était baignée d’une lumière orangée, douce, chaleureuse. Elle sourit. Elle aimait cet atmosphère et commença à jouer avec une bougie qui se trouvait près d’un immense tableau qui surplombait le petit salon qu’elle avait dans ses appartements. — Nous resterons ici aujourd’hui Mademoiselle Delacourt. Elle prouvait d’un immense respect envers Sérille. Elle l’aimait plus que de raison, plus que si elle fut une simple esclave. Elle se tourna vers la demoiselle et lui désigna un siège. — Asseyez-vous, mettez-vous à votre aise. Elle, elle resta debout, elle jouait avec les ombres et les flammes qui l’entouraient. Elle avait une grande fascination pour le feu.
Elle savait que rien n’était plus mortel, plus dangereux et plus fascinant que les mouvements d’une flamme. Elle regardait celles-ci, envoûtée. — Cela fait cent ans aujourd’hui que je suis arrivée à Heartkiller. On ne peut pas fêter un anniversaire plus morbide que celui-ci. Cela fait cent ans que je devrais être morte. Avoua-t-elle, désireuse d’en parler, de se confier. Elle avait envie d’en parler avec Sérille, elle avait envie de se confier. Elle savait que l’esclave lui était fidèle, et plus encore – sans doute – reconnaissante. Cela faisait deux ans qu’elles parcouraient le monde ensemble, qu’Echo lui enseignait tout ce qu’elle pouvait sur le monde des vampires. Aujourd’hui n’était qu’une nouvelle leçon, plus intime, proche d’une confession. Elle ne savait pas vraiment pas où commencer. Les images dans son esprit la rendaient folle. Les visages des hommes et des femmes qu’elle avait vu mourir, ceux qu’elle avait aimé, ceux qu’elle avait tué de ses propres mains. Fut un temps elle était une vampire sans loi ni religieux, à part celui de la passion. Passion qui l’avait perdue et rendue folle. L’amour qu’elle avait eu pour John était sans doute la chose la plus terrible qu’elle eut vécu. Mais également ce qui faisait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui. Elle ne se souvenait pas avoir un jour parlé de John à Sérille. Elle ne lui avait pas beaucoup parlé de sa vie d’avant. Avant Heartkiller, avant Seth, Esfir et Elwing. Avant César et ses nouvelles responsabilités. Il était à présent temps de découvrir le visage du monstre à la belle esclave. Elle ne pouvait pas expliquer son envie de se découvrir devant elle. Peut être désireuse de lui montrer qu’il n’y avait pas que les vampires obsédés qu’elles avaient rencontré lors de leurs voyages, mais qu’il y avait bien pire. Il y avait des vampires qui ne connaissaient pas de limite, uniquement poussés par leur désire d’aimer ardemment un être. Leur Sir. — Avez-vous déjà été amoureuse Sérille ? Demanda la vampire sans quitter la bougie du regard, rêveuse, perdue dans des souvenirs qui la torturaient. La question semblait peu conséquente, en dessous de la vérité qu’Echo-Alice avait vécu. Il ne s’agissait pas d’amour mais de passion brute dans son cas, mais elle doutait qu’une simple humaine put connaître une telle déferlante de sentiments.
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MessageSujet: Re: Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE   Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE EmptyLun 3 Sep - 12:23

Un ultime rayon de soleil paresseux s'attardait dans ma chambre, porteur d'espoir. Pointé comme un doigt sur mon violon posé sur une table, il conférait à l'instrument une beauté unique en y allumant des reflets ambrés. La lumière se brisait en mille morceaux sur ses minces cordes avant de s'échouer sur le mur pour rejoindre la lente danse des particules de poussière. C'était une invitation non déguisée, un ordre même. Je tendis lentement la main, hésitante. Répugnant à déranger ce ballet parfait. Comme je passais lentement un doigt sur le violon, un arc-en-ciel joua pendant quelques instants sur ma peau. Je ne pus retenir un rire, ravie. Mon amour pour le soleil ne faisait que s'accroître au fil du temps – surtout depuis que j'étais condamnée à vivre dans l'obscurité. Tous les jours si je le pouvais, je sortais pour profiter de sa chaleur et de sa majesté. Je me promenais dans les jardins en offrant mon visage au ciel, profitant de chaque instant. Chaque instant avant de retrouver le noir étouffant à l'intérieur du château, le ciel d'encre de la nuit et le maigre éclairage qui ne m'apportait aucun réconfort. Je vivais au côté d'âmes damnées qui ne supportaient pas l'ardent baiser de l'astre du jour, et j'étais à mon tour enfermée dans leur nuit éternelle. Le jour, je dormais autant que je le pouvais, pour répondre aux besoins de ma maîtresse après le crépuscule. Cependant, je me levais plus tôt que les autres afin de savourer le dernier instant de soleil. C'était un moment magique, une sorte de récompense. De guérison. Ces quelques minutes me rappelaient qu'il existait un monde en dehors de celui des créatures de la nuit, un monde lumineux où la beauté, l'amour et la joie n'étaient pas uniquement des mots creux. Un monde de bonté et de rêves, un monde où j'avais encore ma place. Un monde sans vampires, puisque ceux-ci ne sortaient jamais le jour. Ce petit bonheur quotidien, si ténu soit-il, m'aidait à tenir bon. Il me rappelait qui j'étais.

Un son agaçant transperça le calme de la pièce, m'arrachant une grimace. Mon réveil. Il était temps de me préparer. Non sans regrets, je fermai complètement les rideaux et allumai la lumière. Ensuite, je troquai les vêtements confortables que je portais dans les quartiers des esclaves contre une jolie robe bleue. Je m'attaquai sans ménagement à ma tignasse désordonnée ; mes efforts furent récompensés par un peigne cassé mais une chevelure bien lisse que j'attachai en chignon. J'avais déjà pris mon petit déjeuner et pus donc éviter la cuisine encombrée pour me rendre dans une chambre inoccupée. C'était là que je composais les bouquets de fleurs pour Echo-Alice. J'examinai mon oeuvre du jour d'un oeil critique. N'y avait-il pas trop de roses, et pas assez de verdure ? J'effectuai quelques menus changements avant de juger que je ne pouvais plus rien améliorer. Satisfaite, je transférai le bouquet de son seau dans un joli vase. Un long bâillement me surprit. J'avais peu dormi ce jour-là, à cause de Cesar Bridgestone. L'empereur, comme tout le monde l'appelait. Empereur, vraiment ? Un gosse capricieux, oui ! J'avais dû lui raconter des histoires jusqu'à avoir la gorge en feu et la tête prête à éclater. S'il m'avait demandé ne serait-ce qu'une seule histoire de plus, mon imagination m'aurait fait défaut et j'aurais sans doute fini saignée à blanc. Réjouissante perspective que voilà.

Lorsque les ténèbres envahirent la terre, je me rendis à la chambre de ma maîtresse en compagnie de trois autres esclaves. C'étaient des nouvelles – c'étaient toujours des nouvelles, car Echo-Alice ne les gardait jamais longtemps. Je ne prenais même plus la peine de retenir leur prénom, mais je les plaignais toujours autant. J'essayais de les mettre à l'aise, de leur apporter un peu de joie pour le temps qui leur restait. Etant la plus ancienne et donc le chef présumé du groupe, j'ouvris la porte et pénétrai en première dans la chambre, tout doucement afin de ne pas réveiller le vampire. Peine perdue, car Echo-Alice était déjà debout, près de la fenêtre, semblable à un fantôme dans sa fine chemise de nuit. Je ne distinguais pas son visage dans la semi-obscurité de la pièce, mais rien qu'à sa posture, je la devinai lasse et triste. Les trois autres esclaves, apeurées et indécises, se mirent à chuchoter. L'une d'elles était d'avis qu'il fallait retourner dans le couloir, une autre voulait allumer la lumière et une troisième suggérait d'attendre qu'Echo-Alice parle. Moi, je me taisais, ce qui était assez rare. Sagesse ? Prudence ? Non, simple bon sens. — Vous pouvez partir, je n’ai pas besoin de vos murmures. La voix de notre maîtresse claqua comme un fouet et je ne fus pas la seule à sursauter. Elle se tourna vers nous, une lueur mauvaise dans les yeux. — Sérille. Restez. Un soulagement ridicule m'envahit à ces paroles. Quel que soit le mal dont souffrait Echo-Alice, elle me pensait capable d'y remédier. Cela éveilla un curieux sentiment de fierté en moi. J'attendis que les autres esclaves soient sorties avant de m'avancer vers ma maîtresse. Contre toute attente, celle-ci commença elle-même à allumer les chandeliers et les bougies de sa chambre. Ce n'était vraiment pas une nuit comme les autres... Mais cela était-il en mon avantage ? Je l'ignorais.

— Nous resterons ici aujourd’hui Mademoiselle Delacour. Je hochai la tête, dissimulant ma surprise derrière un sourire. Je posai le vase sur la grande table et caressai une fleur du bout des doigts. — Parfois, j'aimerais être une rose. Murmurai-je, songeuse. — Pouvoir vivre sous le ciel et recueillir ses larmes afin de les chérir comme un trésor... Saluer le soleil chaque matin et sentir sa chaleur qui court dans mon corps... Replier mes pétales quand vient la nuit afin de préserver mes secrets... Et périr pendant une tempête d'été, arrachée par le vent avide, emportée vers les cieux qui m'ont donné la vie. Je secouai la tête. L'atmosphère étrange qui régnait dans la chambre m'affectait et me rendait nostalgique, pensive. Une fois de plus, j'avais parlé sans raison, pourtant Echo-Alice, loin de me rabrouer, me désigna un siège en disant : — Asseyez-vous, mettez-vous à votre aise. J'obéis, nerveuse. Ma maîtresse restait debout, ce qui me donnait l'impression étrange que nos rôles étaient inversés. Elle contemplait le feu, fascinée. Elle avait l'air tellement... frêle. Tellement malheureuse que j'éprouvais le besoin instinctif de la prendre dans mes bras pour la consoler et la protéger. Pourtant, je ne dis rien. Je voulais lui laisser le temps de parler – ou de se taire, si cela lui plaisait. — Cela fait cent ans aujourd’hui que je suis arrivée à Heartkiller. On ne peut pas fêter un anniversaire plus morbide que celui-ci. Cela fait cent ans que je devrais être morte. C'était un aveu. Comme si elle se sentait coupable d'être encore en vie. Cela me... surprit, m'atterra. Je ressentis un pincement au coeur, une légère déception. Ainsi, même elle, la magnifique Echo-Alice, qui avait absolument tout ce qu'elle voulait, la beauté, la richesse, l'immortalité, les amants, n'était pas heureuse. C'était un coup de plus dans l'image parfaite que j'avais jadis des vampires. En d'autres circonstances, je me serais peut-être moquée gentiment d'elle. Je lui aurais fait remarquer qu'elle n'était pas tellement malheureuse. Pourtant, ce jour-là, quelque chose me retint. Un je-ne-sais-quoi dans l'expression d'Echo-Alice. Aussi pris-je mon temps avant de répondre avec douceur : — Cela fait cent ans de plus que vous vivez. en insistant sur le dernier mot. — Cent ans qu'on vous a offert. Qui ne rêverait pas de ça ? Je secouai la tête, chagrinée. — Songer au passé n'y changera rien : ni les évènements eux-mêmes, ni la façon dont ils vous ont affectée. Dire sans cesse et si... n'apporte que des nouvelles frustrations. C'est... malsain. Je levai les yeux vers Echo-Alice et vis soudain l'humaine qu'elle avait été. Une humaine comme moi. Simple marionnette du destin. Sa façade parfaite se craquelait, laissant entrevoir une profonde tristesse, proche de la folie. — Si vous voulez vraiment penser au passé, alors il faut... se résigner. Comprendre ce qui s'est passé, mais surtout admettre que cela s'est passé. Nier vos souvenirs n'y changera rien, car c'est une partie de vous que vous détruirez alors. Le changement ne se refuse pas. Observez ce que vous êtes devenue aujourd'hui et acceptez cela aussi, car vous n'y pouvez rien. C'est de demain qu'on devrait se soucier. Je me sentais soudain vieille, très vieille et lasse. Comme si c'était moi, le vampire. Au lieu de pleurer l'anniversaire de votre presque-mort, fêtez l'anniversaire de votre vie. Ajoutai-je en chuchotant. J'ignorais si mes paroles l'avaient aidée. Après tout, que pouvais-je lui dire, que pouvais-je lui conseiller ? Elle avait vécu plusieurs existences, et son expérience de vie dépassait la mienne. Pourtant, égoïstement, j'espérais lui avoir apporté un peu de réconfort... Ou du moins une réponse à ses questionnements muets.

— Avez-vous déjà été amoureuse Sérille ? Demanda-t-elle sans me regarder. Sa question me fit mal, parce qu'elle éveilla soudain une douleur que je croyais profondément enfouie. Oh Kyle... C'était injuste de sa part, injuste de me blesser ainsi pour satisfaire sa curiosité... Mais elle ne pouvait pas savoir. Je ne le lui avais jamais raconté. Je restai silencieuse, le temps de me ressaisir, de me souvenir comment respirer. Lorsqu'elle tourna enfin son regard vers moi, je la fixai droit dans les yeux dans l'espoir d'y lire quelque chose, un mince indice qui pourrait m'éclairer sur ses intentions. — Je crois que les humains et les vampires aiment de la même façon. Finis-je par répondre, non pas à sa question, mais au doute que je lisais dans son regard. — Notre vie est plus courte que la vôtre, c'est vrai. Pourtant, je crois que nous sommes capables du même amour, de la même passion, d'une haine ou d'une tristesse aussi profonde... De la même destruction. Je souris comme pour alléger le poids de mes paroles. — Je pense que... Justement parce que nous avons si peu d'années devant nous, nous les vivons très intensément. Chaque évènement, chaque émotion, chaque parcelle de notre existence revêt une importance énorme pour nous. Chaque détail est agrandi. Alors quand nous aimons... Je haussai les épaules comme pour m'excuser. — ... Il nous arrive aussi de frôler la folie. Ma voix n'était plus qu'un chuchotement, duvet au vent. — Vous étiez humains, autrefois. C'était là un sujet pénible pour la plupart des vampires. Personne n'aime se rappeler qu'il a un jour ressemblé aux esclaves qu'il méprise aujourd'hui. Pourtant, j'osais en parler. Peut-être parce que j'avais l'impression qu'Echo-Alice en avait autant besoin que moi. — Votre façon d'aimer n'a pas changé. C'est juste... Le temps, peut-être. Le temps qui vous dépouille de vos illusions. Le temps qui s'étire à l'infini devant vous. Ce n'est pas votre passion qui est différente, mais votre façon de la vivre, de la définir, de la percevoir. Je me tus enfin, la tête vide comme si je venais de passer un examen fatiguant. J'avais parlé avec émotion, sans rien retenir de mes pensées. Une idée remonta insidieusement dans mon esprit. Je n'avais pas oublié la question de ma maîtresse.— Oui, j'ai aimé. Déclarai-je tout à trac. — J'ai aimé et j'ai perdu, comme tout le monde. Cela nécessite-t-il une explication ? Je ne pense pas. Tout le monde connaît la fin de l'histoire. Je n'avais pas réussi à bannir toute douleur de ma voix. J'enfouis mon visage dans mes mains. — Pourquoi, Echo-Alice ? Pourquoi m'avoir demandé cela ? Soupirai-je, mais ma vraie question, celle que je n'osais poser, était : Pourquoi es-tu si malheureuse ? Qu'est-ce qui te tourmente ?
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MessageSujet: Re: Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE   Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE EmptyLun 3 Sep - 17:17

A CENTURY
Il y a cent ans que le soleil s'est levé une dernière fois, et me tua.

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Elle vivait dans l’obscurité depuis si longtemps qu’il lui semblait trouver de la lumière dans la pénombre. Elle savait que les vampires étaient dotés d’une vision nocturne, mais parfois cela l’étonnait encore. Alors qu’elle se trouvait dans sa chambre, tout rideau fermé, sans la moindre source de lumière, elle arrivait tout de même à différencier les ombres et les objets dans sa chambre. Elle n’avait pas de mal à trouver son chemin, à retrouver chaque bougie afin de l’allumer. Parfois, elle se demandait comment les esclaves pouvaient faire ce travail. Beaucoup ni arrivait pas la première fois. Ils étaient bruyants, se déplaçant à tâtons dans la salle, faisant tomber un chandelier, un livre, ou un base de fleurs au passage. Ils juraient alors, oubliant où ils se trouvaient, et le danger qui les guettaient. Echo-Alice ne supportait pas d’être réveillée, c’était une règle d’or quand on commençait à travailler pour elle. Sérille l’avait vite compris, par une esclave qui se trouvait là avant elle. La première chose qui se disait quand un esclave entrait à son service. Mais avec le temps ils apprenaient chaque détails de ses appartements et ils arrivaient à se déplacer comme des ombres. Jamais comme elle, silencieuse, à la manière d’un murmure. Mais ils arrivaient à faire leur travail rapidement. Chaque soir, avant qu’elle ne se réveille, ils arrivaient, allumés la pièce, la décoraient avec des fleurs, et préparaient ses habits. Après cela, elle se levait, leur offrait de manger avant de l’aider à se changer. Elle prenait une douche rapide, se changeait et elle partait avec deux esclaves pour son bureau près des appartements de César, où elle passait la journée à passer de coups de téléphone, à répondre à des rendez-vous en téléconférence. Elle parlait à des diplomates, elle se renseignait sur les dernières lois, sur les dernières naissances, et tous les changements conséquents qu’il pouvait y avoir en ce qui concernait le monde vampirique. Mais aujourd’hui elle n’avait pris aucun rendez-vous. Elle ne quitterait pas sa chambre, elle n’en avait pas l’envie ni la force. Elle n’arrivait pas vraiment à expliquer son sentiment à l’aube de son éternité. Elle devrait se réjouir, sortir fêter cet événement avec Seth, Esfir et Elwing. Seth… justement, peut être lui comprendrait pourquoi ce jour-là elle ne voudrait pas le rejoindre. Pourquoi personne ne la verrait, ou pourquoi la porte de sa chambre resterait close. Elle en était arrivé à un instant clé de sa vie. Un moment de passage. — Parfois, j'aimerais être une rose. Pouvoir vivre sous le ciel et recueillir ses larmes afin de les chérir comme un trésor... Saluer le soleil chaque matin et sentir sa chaleur qui court dans mon corps... Replier mes pétales quand vient la nuit afin de préserver mes secrets... Et périr pendant une tempête d'été, arrachée par le vent avide, emportée vers les cieux qui m'ont donné la vie. La vampire resta silencieuse en écoutant les divagations de son esclave. Sérille la laissait allumer chaque bougie qui se trouvait dans la pièce, posant un bouquet de roses sur la table de son salon. Une rose… En l’écoutant, Echo-Alice s’approcha du bouquet et en frola les pétales, un sourire mélancolique sur les lèvres. Les roses, d’un rouge éclatant, l’aveuglait. Elle avait l’impression qu’une telle beauté ne devrait pas être possible. Le parfum lui faisait tourner la tête et éveilla sa soif. La rose, piquante et douce, chaleureuse et cruelle était sans doute la fleur favorite des morts. Et elle comprenait pourquoi. Elle prit une des fleurs dans sa main et en arracha les pétales une à une. — J’ai parfois l’impression d’être une rose des neiges. Dont la beauté est à jamais préservée, figée dans le temps. Incapable de bouger, de changer ou d’être une autre. Une poupée de chiffon figé dans un cocon de glace… Elle laissa les pétales voler autour d’elle, quittant sa paume pour aller frôler le sol, en suspens, ni au sol, ni dans les airs. Dans cet entre-deux les pétales restaient, comme suspendues dans le temps et dans les airs, incapables de toucher le sol, et incapable de redevenir une fleur. Ni tout à fait mortes, ni vivantes. Dans un néant infernal, perdue sans espoir de trouver une réponse, un sens, ou un chemin. Elle était une fleur éternelle, et elle n’avait plus la force de jouer la comédie de la vie. Elle n’avait plus la force de vivre. Elle avait l’impression que tout aller recommencer. Mais elle savait que cette fois quand tout sera fini, elle n’aura pas la force de renaitre ses cendres.

Elle n’avait pas la désire de s’asseoir, mais proposa un siège à Sérille tout de même avant d’entamer leurs conversations. Elle avait envie d’entendre la jeune femme. Elle trouvait dans ses mots l’innocence et le réconfort dont elle avait besoin. L’esclave était sa source de vie, naïve et joviale ! Elle avait encore la force de vivre, elle, car elle savait qu’à tout instant elle pouvait en mourir. Mourir de trop vivre. Echo pourrait simplement rester là, sans bouger, et petit à petit elle s’oublierait. Mais alors elle ne mourrait pas. Elle ne mourra jamais. — Cela fait cent ans de plus que vous vivez. Cent ans qu'on vous a offert. Qui ne rêverait pas de ça ? Songer au passé n'y changera rien : ni les évènements eux-mêmes, ni la façon dont ils vous ont affectée. Dire sans cesse et si ... n'apporte que des nouvelles frustrations. C'est... malsain. La vampire sourit, un sourire triste, mélancolique. Bien sur que penser avec des et si ne changerait rien, elle en avait parfaitement conscience, mais elle ne pouvait pas combattre ce sentiment. Cent ans de plus à vivre. Cent ans de plus passé à se reconstruire, à essayer de se persuader que cette vie avait encore du sens, qu’elle pourrait être quelqu’un, simplement quelqu’un, et qu’elle pouvait même choisir qui elle voulait être. Elle n’y croyait pas. Heureusement, grace à la patience de Seth, à la bonté d’Esfir et à leur amour elle avait appris peu à peu à être quelqu’un d’autre. Elle avait tout repris depuis le début, tel un enfant qui venait de naitre. Elle resta dans les appartements de Seth pendant des mois, commençant à lire les ouvrages qui s’y trouvaient, dévorant les livres qu’il ramenait. Un jour, à court d’ouvrages, elle décida de sortir, attirée par une curiosité maladive. Seth, apeuré, au souvenir de la tentative de suicide de la vampire, la retrouva à la bibliothèque après l’avoir cherchée partout. Le soleil était déjà levée, mais l’obscurité était maitresse des lieux, et à la lumière d’une chandelle elle lisait des ouvrages d’histoires. Elle adorait l’histoire. Puis elle se passionna pour les lois, et les cultures étrangères, pour le monde qui l’entouraient. Elle apprit cinquante langues étrangères, et s’ouvrit sur le monde. A la manière d’une rose trop longtemps restée fermée dans la pénombre, elle osa s’ouvrir au soleil, et découvrit qu’il y avait un monde en dehors de son regard amoureux et de sa passion dévastatrice. Elle était morte sans avoir vécu, et elle est née dans un monde qu’elle ne connaissait pas. — Je suis à l’aube d’une quatrième vie, et j’ai peur qu’elle ne soit la dernière Sérille… Je ne prétends pas refaire le passé avec des et si … je n’ai rien à regretter, cela fait cent ans que je m’évertue à vivre de nouveau, à devenir quelqu’un. Mais tout est sur le point de s’effondrer à nouveau, et j’ai peur de ne pas avoir la force de me relever cette fois si ca tourne mal. Avoua-t-elle alors qu’elle se tourna vers son esclave. Elle sourit, elle mentait quant bien même elle s’était promie de dire toute la vérité à Sérille. Elle n’arrivait pas à être honnête. — Navrée. Je pense au passé, j’en suis la prisonnière et je n’arrive pas à me défaire de ces émotions qui m’ont détruite. Dit-elle, le regard empli d’une peur qu’elle ne relevait que rarement. Elle osait se montrer aussi faible face à Seth. Mais c’était Seth, lui seule l’avait vu au bord du désespoir. — Si vous voulez vraiment penser au passé, alors il faut... se résigner. Comprendre ce qui s'est passé, mais surtout admettre que cela s'est passé. Nier vos souvenirs n'y changera rien, car c'est une partie de vous que vous détruirez alors. Le changement ne se refuse pas. Observez ce que vous êtes devenue aujourd'hui et acceptez cela aussi, car vous n'y pouvez rien. C'est de demain qu'on devrait se soucier. Elle acquiesça. Sérille semblait bien lus sage qu’elle, et elle se demanda d’où lui venait cette sérénité, cette réflexion sur elle-même, sur la vie. Est-ce que ces instants humains perdue l’avait fait vieillir. Elle semblait éternelle, comme si le poids de la vie faisait vouter son dos. Pourtant elle était encore jeune et belle. La gorge nouée, Echo se demanda si elle n’aviat pas voler l’innocence de Sérille. Cette innocence qui faisait vibrer les cordes de son violon. L’angoisse de perdre sa musique la saisit. Une partie de vous que vous détruirez alors… Elle ne savait pas. Ce n’est pas Echo qui s’était détruite. Elle avait été détruite par la personne qu’elle aimait le plus au monde. Qu’est-ce qui pouvait être pire que cela ? — Au lieu de pleurer l'anniversaire de votre presque-mort, fêtez l'anniversaire de votre vie.

Elle secoua la tête et se détourna du regard emphatique et doux de Sérille. Elle ne voulait pas voir de la gentillesse dans son regard, de la tendresse, ou de l’inquiétude. Elle ne voulait pas de tout cela, elle voulait… elle ne savait pas ce qu’elle voulait. Sérille était en train de la sermonner. — Ma vie n’est qu’une mort déguisée, Sérille. Je ne vis plus depuis longtemps déjà. Répondit-elle, d’une voix un peu plus agacée. Sérille ne voyait-elle que la beauté de l’immortalité ? Ce fait de ne plus avoir à se soucier de la mort, de ce qui attend les hommes immanquablement ? N’avait-elle pas vu tout le reste ? Cette solitude extrême qui plongeait les vampires dans le plus grand désespoir possible ? Ne voyait-elle pas les regrets, la pénombre, la froideur des liens ? Tout était macabre, morbide, et mensonge dans ce monde éternel. Il n’y avait rien de réjouissant à être un vampire, sauf peut être la passion qui les dévorait. Cette passion qui finissait toujours par les tuer. Car un vampire n’avait que cela, ces sentiments pour se donner l’impression d’être vivant. Il les vivait à fond, toujours, sans être capable de s’arrêter avant d’être consumer. Elle en vint alors à demander à Sérille si elle avait déjà été amoureuse, et le visage de l’humaine s’assombrit. Le vampire aurait pu retirer sa question, mais elle sentit un léger ravissement à cette vue, vengeance des remarques de Sérille qui l’avaient aussi marquée. — Je crois que les humains et les vampires aiment de la même façon. Echo-Alice se tourna vers son esclave et s’assit en face d’elle, la regardant à la lueur des bougies qui les entouraient. — J’en doute. murmura-t-elle d’une voix presque attendri, charmée par l’innocence et la naïveté de l’humaine. Cela la poussa également à argumenter, à expliquer ce qu’elle avançait, pour convaincre sa maitresse. — Notre vie est plus courte que la vôtre, c'est vrai. Pourtant, je crois que nous sommes capables du même amour, de la même passion, d'une haine ou d'une tristesse aussi profonde... De la même destruction. Echo fit un léger mouvement de la tête, pour lui assurer qu’elle la suivait, bien qu’elle ne pensait pas que Sérille savait ce qu’elle avançait. Aurait-elle connue le même amour ravageur que Echo ? Aurait-elle disparue sous le regard de celui qu’elle aimait ? Elle ne serait pas Sérille dans ce cas. Elle ne pourrait pas jouer du violon comme elle le faisait. Elle n’avait pas connue la solitude comme Echo-Alice l’avait connue. — Je pense que... Justement parce que nous avons si peu d'années devant nous, nous les vivons très intensément. Chaque évènement, chaque émotion, chaque parcelle de notre existence revêt une importance énorme pour nous. Chaque détail est agrandi. Alors quand nous aimons.... Il nous arrive aussi de frôler la folie. Vous étiez humains, autrefois. Echo ne voyait pas vraiment où elle voulait en venir. Oui, Echo-Alice avait été humaine autre fois. A une époque où l’amour n’était permi qu’aux plus pauvres, alors que les riches se marier pour préserver leurs héritages. Elle, elle avait été mariée à Dieu. Un dieu qu’elle avait à présent renié, passant du côté des damnés. — En effet… — Votre façon d'aimer n'a pas changé. C'est juste... Le temps, peut-être. Le temps qui vous dépouille de vos illusions. Le temps qui s'étire à l'infini devant vous. Ce n'est pas votre passion qui est différente, mais votre façon de la vivre, de la définir, de la percevoir. Echo-Alice partie dans un petit rire attendri. Elle aimait la vision que Sérille avait des vampires, de leur immortalité. Elle ne voyait pas tout ce que cela avait de terrible, de choquant et de déroutant. Elle n’avait pas connu la transformation. Mais elle ne faisait part que d’inspirations, de théories, et n’avait pas répondu à la question d’Echo-Alice. — Oui, j'ai aimé. J'ai aimé et j'ai perdu, comme tout le monde. Cela nécessite-t-il une explication ? Je ne pense pas. Tout le monde connaît la fin de l'histoire. Elle n’en dirait pas plus, et Echo, avec une mine boudeuse, se leva et recommença à tourner dans la pièce. Elle frôlait les flammes et grimaçait en sentant les picottements du feu sur sa peau délicate. Sérille enfouit son visage dans ses mains, sans doute en proie aux larmes. Larmes que Echo voudrait pouvoir verser pour elle. — Pourquoi, Echo-Alice ? Pourquoi m'avoir demandé cela ? Elle percevait une autre question sous celle-ci. Elle pouvait y répondre avec autant d’honnêteté que Sérille, elle s’en sentait capable.

— J’ai aimé. Lorsque j’étais humaine, l’amour n’était pas le plus important. Le plus important c’était l’honneur, et l’héritage. Commença-t-elle d’une voix douce, dansant autour de l’esclave, comme habitée par les souvenirs de son humanité. — Je n’ai jamais aimé comme vous le dites. Jamais en étant humaine, et beaucoup trop en devenant vampire. Avoua-t-elle en prenant une autre rose qu’elle donna à Sérille. Elle en prit un pétale et la fit frôler la joue de la belle humaine recueillant la larme qui y glissait impunément. — Lorsque j’étais humaine, j’ai perdu mon frère durant la guerre… Je le pleure encore aujourd’hui… Il est sans doute le premier homme que j’ai aimé. S’il n’était pas mort, je ne me serais pas enfouie. Alors je ne serai pas ici. Mais tu as raison, ne refaisons pas le passé avec des Et si. Elle tourna le dos à Sérille et s’avança devant la cheminée qui prônait devant cette dernière. Elle y mit du papier, et des brindilles, ainsi qu’une bûche, et avec un briquet, elle alluma quelques départs sur du vieux journal. Le feu grandissait, mais encore timidement. — J’ai suivi un soldat qui disait m’aimer. Peut être était-ce vrai car il déserta pour m’offrir une vie de liberté. Loin de Dieu. Loin de mon père et du souvenir du corps de mon frère mit en morceaux par une bombe. Mais nous ne sommes pas allés bien loin … Il nous trouva. Elle regardait les flammes qui se rassemblait, le papier devenant noir et le bois étant touché par les étincelles. — Tu ignore ce que c’est que de tout perdre… Absolument tout. Ta famille, entièrement. Tes amis. Ton amant. Ta vie. Ton nom… Tu oublie tout sous le regard de cet être unique qui te semble irréel, impossible. Le feu devint une flamme immense qui scintillait sous son regard envoûté. — Avec l’éternité, c’est la mort qui t’accompagne. Tu vois ton époque s’écrouler. Tu vois ceux que tu aimais mourir. Tu vois ta vie disparaître. Et tu reste là, dans le néant. Nue et seule. A la simple présence, tu te raccroche à tes sentiments comme un radeau dans l’océan. Elle se leva et croisa le regard de Sérille. — Je n’ai vécu que pour lui durant cent ans. Imagines-tu ce que cela représente ? Nous avons parcouru le monde. Nous avons expérimenté des choses incroyables. Nous ne vivons que pour l’autre, et par l’autre. Nous n’étions nous-même que parce qu’il était là. Nous n’avons pas de nom, nous étions un seul être. Parfait… Mon monde ce n’était que lui et son regard. Et c’était peu de le dire. Il ne s’agissait pas seulement d’une passion passagère et destructrice. C’était un véritable sentiment de dépendance, et de solitude. Il n’y avait que lui. Personne d’autre que lui. — Voilà comment j’ai vécu l’amour. Et quand il est parti… alors je n’avais plus rien. Je n’étais même plus moi. Et il ne m’est resté que … la mort. Elle se tourna vers les rideaux et en ouvrit un. La lueur de la lune sur son visage reflétait les siècles. — Je me suis mise sur la falaise et j’ai attendu le soleil. Chaque seconde me semblait une année. Chaque minute un siècle. Il ne reviendrait pas, je le savais, et dés lors je n’avais plus de raison de vivre. Il ne s’agissait pas d’un désire égoïste de le faire souffrir, de me venger en me tuant. C’était plus malsain et profond que cela. C’était… comme se trouvait à la fin du chemin… Seule. Incapable de faire demi-tour, et n’ayant d’autre voie que le vide qui t’entoure. Cela faisait cent ans que cet instant était révolue. Cent ans qu’elle avait aimé à en perdre la raison.

¬— L’histoire aurait dû s’arrêter là, mais Seth m’a trouvée, et vous connaissez la suite… L’histoire aurait dû s’arrêter là, mais j’oubliais combien la vie pouvait être atroce. Elle sourit, et regardait les étoiles qui apparaissaient à mesure que la nuit se faisait plus sombre encore. — Aujourd’hui mon doux Sir est revenu vers moi. Et je sais qu’il suffirait d’un instant d’inattention pour me perdre en lui de nouveau. Comprends-tu à présent pourquoi je crains le passé ? Il est revenu à moi. Et je sais que cette fois je n’aurai pas la force de fuir le soleil à toute vitesse. Je me jetterai dans les flammes en souriant. Elle était rêveuse, partant dans des délires que peut être Sérille n’écoutaient plus. Elle pensait à John, à son sourire, sa gentillesse, son romantisme et elle eut peur. Peur parce qu’il avait changé. Il était – une fois encore – l’homme de ses rêves. Celui dont elle avait terriblement besoin pour quitter sa solitude. Elle savait que cela pouvait devenir unef ois encore une véritable dépendance, et elle eut peur. Peur que cela ne soit trop. Peur de ne pas être assez forte. Peur parce qu’elle savait qu’elle n’était pas assez forte. Elle allait en mourir. Elle se regardait dans l’immense miroir qui se trouvait derrière son lit, et remarquait les traces sanglants qui se trouvaient sur ses joues. Elle pleurait. Elle avait cent ans de plus. Cent ans … — Mensonge. Chuchota-t-elle avant de s’effondrer sur le sol.

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Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE Empty
MessageSujet: Re: Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE   Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE EmptyDim 9 Sep - 20:26

Dans un lent tournoiement sensuel, un pétale de rose soyeux et humide s'échappa au vase pour se poser sur mon pouce. Ce toucher léger m'arracha un frisson ; je secouai la main pour m'en débarrasser, comme s'il s'agissait d'un insecte nocif. Il s'écrasa tristement au sol, et une envie furieuse de le piétiner me saisit. Pourtant… Même avec la meilleure volonté du monde, je ne pouvais détruire une telle merveille. En forme de coeur, doux, et d'un rouge profond... Pourquoi la couleur de l'amour était-elle aussi le symbole de la haine et de la destruction ? Comment le sang pouvait-il à la fois apporter la vie et la mort ? Le rouge m'avait toujours fascinée, toujours attirée. Sa violence, son intensité et sa force, mais aussi son côté maternel, réconfortant... Il traversait ma vie, resurgissant aux moments les plus incongrus. Le rouge de la souffrance, de la trahison, de la honte. Le rouge du danger. Mais avant tout, le rouge de la passion, qui me définissait et me guidait. Cette petite flamme qui brûlait en moi, cette soif de plénitude, de perfection. Ce désir de connaître les choses dans leur forme la plus pure, sans fard, et de savourer chaque miette de bonheur, chaque instant de merveille. D'admirer chaque pétale de rose et d'en conserver le souvenir. — J’ai parfois l’impression d’être une rose des neiges. Dont la beauté est à jamais préservée, figée dans le temps. Incapable de bouger, de changer ou d’être une autre. Une poupée de chiffon figée dans un cocon de glace… La voix d'Echo-Alice me troubla, feuille tombée dans l'étang calme de mes pensées. Je levai les yeux. Apparemment insensible à la beauté de la fleur, ma maîtresse lui arrachait ses pétales. J'observai ses longs doigts élégants, la grâce de ses gestes. La rose et elle se ressemblaient étrangement, beautés d'une perfection quasi provocatrice. Fortes et fragiles, éternelles et éphémères. —Non. Murmurai-je néanmoins. Ce n'était pas une dénégation de ses paroles, mais plutôt... une façon de mettre un terme à ses pensées négatives. De lui dire Stop, ça ne va pas du tout, cesse donc de t'enfoncer dans ta misère. Je lui pris doucement la rose des mains et la posai contre son bras, comme pour vérifier si leurs couleurs s'accordaient. — Le temps n'a altéré ni sa beauté ni la vôtre, c'est vrai... Je secouai la tête, émerveillée par leur harmonie. — Je vous connais depuis deux ans, Echo-Alice. Ce n'est sans doute rien pour un vampire, mais... Je m'autorisai un sourire. — En ces deux petites années, je vous ai vu évoluer. Non pas en apparence, mais ici Je tapotai doucement le côté de sa tête. Je disais la vérité. Le vampire d'humeur sombre et cruelle s'était peu à peu transformé en une créature plus heureuse de vivre, plus douce, moins complexée... Enfin, je le croyais. — Certains hommes croient au destin, à une volonté immuable qui nous dirige sur un chemin dessiné d'avance. D'autres préfèrent le hasard, qui frappe aveuglément. Moi, je crois que chacun décide de sa propre vie. La rose emprisonnée dans la glace peut trouver le courage de briser son cocon. Cela durera peut-être cent ans, mille ans avant qu'elle ne réussisse à pratiquer une fissure dans sa prison ; mais un jour, elle sera libre. Si elle ose. Si elle repousse sa peur pour voir au-delà de ses certitudes qui l'enracinent. Je fis tourner la fleur entre mes doigts, prenant bien garde à ne pas me faire piquer. Un souvenir remonta du fond de ma mémoire, un doux souvenir, qui me fit sourire. — Connaissez-vous ce petit jeu ? Demandai-je sans vraiment attendre de réponse. Je commençai à arracher méthodiquement les pétales restants en disant: — Un peu. Beaucoup. Passionnément. A la folie. Pas du tout. Je lançai un clin d'oeil à Echo et continuai : — Un peu. Beaucoup. Passionnément. Dernier pétale. — A la folie. La rose s'échappa de mes doigts. A la folie... et pour toujours.

Je m'assis, plus pour faire plaisir à Echo-Alice que par réelle fatigue. Sa mélancolie pesait sur la pièce comme la chaleur malsaine qui précède l'orage. — Je suis à l’aube d’une quatrième vie, et j’ai peur qu’elle ne soit la dernière Sérille… Je ne prétends pas refaire le passé avec des et si … je n’ai rien à regretter, cela fait cent ans que je m’évertue à vivre de nouveau, à devenir quelqu’un. Mais tout est sur le point de s’effondrer à nouveau, et j’ai peur de ne pas avoir la force de me relever cette fois si ça tourne mal. Elle mentait. Il suffisait d'un regard pour comprendre que son passé la hantait toujours. Je croisai les bras, mécontente, mais attendant qu'elle rectifie elle-même son erreur. — Navrée. Je pense au passé, j’en suis la prisonnière et je n’arrive pas à me défaire de ces émotions qui m’ont détruite. Cette révélation ne m'étonna pas, mais la peur dans la voix de ma maîtresse me surprit. Les vampires n'ont pas peur. Jamais. Et surtout pas Echo-Alice, si forte, si courageuse... Une fois de plus, je m'étais trompée. — Votre quatrième vie... Murmurai-je, perdue dans mes pensées. — Si vous ne vous relevez pas, cette fois ? Si vous sombrez ? Si vous mourez ? Serait-ce vraiment si grave? Je me mordillai les lèvres ; je m'étais mal exprimée. — Nous, les humains, avons tous une seule existence. Une seule occasion de faire des choix. Vous... Vous avez déjà vécu si longtemps. Même s'il y a eu beaucoup de souffrance dans votre vie, je suis sûre que vous gardez aussi le souvenir de nombreux instants de joie. Une belle vie, pourrait-on dire, ou en tous cas aussi belle que possible en ce monde. Serait-il alors si difficile de mourir ? N'avez-vous pas, après toutes ces années, cessé de craindre la mort ? Je me penchai en avant pour mieux observer l'expression d'Echo, réellement curieuse d'entendre sa réponse. J'espérais simplement qu'elle n'interprèterait pas mes paroles comme une invitation à mourir. — Il n'y a rien de mal, ni de lâche, à avouer sa peur. Ajoutai-je doucement. Elle pouvait tout me dire. Tout. J'étais là, prête à l'écouter. Prête à la consoler. Mais pas à la juger. Je lui parlais gentiment mais avec ferveur, convaincue d'être dans le vrai. Pourtant, je ne voyais aucun changement en elle, aucun indice signalant que mes paroles avaient fait mouche. Mon optimisme glissait sur elle sans l'atteindre, et cela me peina autant que cela m'énerva.— Ecoutez-moi, Echo. Lâchai-je tout à trac, bien décidée de mettre les points sur les i. — Je ne sais pas ce que vous avez vécu, et je ne prétends pas le comprendre. Cependant, voici ce que je remarque quand je vous observe : vous vous accrochez à votre passé comme un chien à son os. Vous vous plaignez de ne pas changer, mais vous vous vautrez dans vos convictions et vos souvenirs. C'est vous, Echo, qui avez tissé le manteau de votre désespoir, vous qui avez choisi de l'endosser. J'adoucis mon ton, consciente de la dureté de mes paroles. — Je n'ignore pas que vous avez subi des choses horribles. Même avec ma piètre expérience en la matière, je sais que la douleur de certains évènements ne part jamais ; la peau cicatrise, mais le corps n'oublie jamais la blessure. Je clignai des yeux pour refouler les larmes traîtresses qui menaçaient de déborder. — Mais c'est fini maintenant, fini ! Au lieu de rester murée dans votre propre angoisse, au lieu de vouloir changer à tout prix, vivez. Vivez, et vous apprendrez à vivre. Elle m'exaspérait. Elle m'inquiétait. Je le voyais bien, aucune parole ne pouvait la délivrer de ses souffrances, aucune parole de la part de personne. Elle s'était condamnée et ne paraissait pas comprendre qu'elle détenait les clés de la sortie. Cependant, le sentiment qui dominait en moi était la pitié. Qui était-elle donc, et que lui avait-on fait, qui l'avait brisée ainsi ? Les dégâts étaient tout simplement irréparables. Loin de guérir ses blessures, le temps les avait infectées. Pourquoi lui avais-je reproché son incapacité à se reconstruire ? C'était de sa faute, certes, mais la véritable cause de son comportement se trouvait bien plus profondément en elle que je ne le pensais... Dans un passé où quelqu'un, quelqu'un que je haïssais déjà sans le connaître, lui avait fait du mal.

— Ma vie n’est qu’une mort déguisée, Sérille. Je ne vis plus depuis longtemps déjà. L'avais-je agacée ? Sans doute, mais je ne le regrettais pas. Les vampires ont tendance à se croire les maîtres du monde et à s'imaginer que seul leur avis compte. Un petit coup dans leur arrogance ne pouvait que leur faire du bien. Il fallait que quelqu'un les contredise de temps en temps. — C'est vrai. Lâchai-je, plus sèchement que je n'aurais voulu. — Vous ne vivez pas, non, vous passez votre temps à vous morfondre parce que vous n'êtes pas morte. J'avais prononcé ces dernières paroles d'un ton inquisiteur, comme pour la pousser à me révéler la raison de son malheur. Je me levai, m'approchai d'elle. — Qu'est-ce que vous voulez, Echo ? Soupirai-je en posant doucement un doigt sous son menton pour l'obliger à me regarder. — Qu'est-ce que vous voulez vraiment ? Que je m'efforce à vous consoler ? A trouver les arguments justes pour vous convaincre que vous êtes bien en vie ? Ou que je vous dise la vérité? Je pris une profonde inspiration et poursuivis, sans attendre une réponse. — Très bien. Echo-Alice, vous ne vivez plus. Cela fait presque trois cent ans que vous êtes morte. Ça vous plaît plus d'entendre ça ? Ça vous soulage ? Je la fixais d'un air noir, mais ma colère provenait en grande partie de mon affection pour elle et de ma peur de la voir au désespoir. Elle était perdue, et cela me poignait le coeur. — Vous êtes un vampire : plus belle, riche, intelligente et forte que je ne le serai jamais. Eternellement jeune. Sans souffrir des craintes qui affectent la plupart des humains. Mais vous êtes seule, n'est-ce pas ? Ce doit être horrible... De vivre alors que tous ceux que vous avez connus sont morts depuis longtemps. N'avez-vous jamais rêvé d'avoir des enfants, Echo ? De vivre normalement, de sentir la caresse du soleil sur votre peau, de vieillir ? La solitude vous ronge. Et vous vous ennuyez à mourir. Tous. Même Ces... l'Empereur. Je me détournai légèrement d'elle. — Si vous me proposiez de me changer un vampire, ici et maintenant, je refuserais. Vivre dans le froid et l'obscurité, vivre tellement longtemps que même les petits plaisirs du quotidien perdent leur saveur, vivre sans être capable de mourir, et souffrir... C'est un destin que je ne souhaite à personne. Le prix est trop élevé. Chuchotai-je, partagée entre tendresse et pitié. J'avais parlé sans détour, certaine d'avoir deviné la vérité. Puis je me rendis compte qu'Echo-Alice pourrait s'offusquer de mes propos. Toute vérité n'est pas bonne à dire. Ma maîtresse me laissait beaucoup de liberté... Mais comment allait-elle réagir maintenant ? Je l'ignorais et je me raidis, prête à subir sa colère.

Cependant, je n'étais pas prête à affronter la question qu'elle me posa. Avais-je déjà été amoureuse ? Ces paroles ravivèrent la douleur que j'avais ressentie à la... disparition de Kyle. Une douleur que j’avais essayé de renier, de refouler, mais qui finissait toujours par remonter à la surface. Oh Kyle, son sourire, sa tignasse indisciplinée, son regard pétillant ... Il me manquait de nouveau affreusement… Et c’est à cause de toi, Echo. Se rendait-elle compte du mal qu'elle m'avait fait ? Sans doute. Alors pourquoi semblait-elle ravie ? Ecartant sa véritable question pour y revenir plus tard, j'affirmai tout d'abord que les humains et les vampires aimaient de la même façon. — J’en doute. Murmura-t-elle en s'asseyant face à moi. Cette répartie me blessa ; l'amour humain ne valait-il donc rien pour elle ? C'était plus fort que moi : il fallait que j'essaye de la convaincre. J'exposai soigneusement tous mes arguments. De temps en temps, Echo hochait la tête, ce qui était sans doute bon signe. Cependant, le petit rire qu'elle lâcha à la fin de mon analyse me froissa de nouveau et me convainquit de me taire ; rien de ce que je pouvais dire ne changerait son opinion. Autant parler au mur, puisqu'elle n'écoutait pas. Pour relancer la discussion qui s'étiolait, je lui avouai avoir aimé, sans préciser ce qui s'était passé. Je ne voulais pas de sa compassion ou de son mépris. Notre histoire, à Kyle et moi, m'appartenait, et j'éprouvais une curieuse réticence à la partager avec Echo-Alice. Cependant, lorsque celle-ci se leva sans répondre pour contempler les bougies, je ressentis un picotement de déception. Si elle m'avait demandé de poursuivre... Si elle me l'avait demandé gentiment, comme une amie... J'aurais pu céder. Elle aurait pu briser le mur de silence et de solitude qui m'entourait depuis la mort de Kyle. Mais qu'espérais-je donc ? Qu’un vampire me console ? Non, je n'étais que son jouet. Je devais la réconforter en tant qu'esclave, mais moi... Mes sentiments lui importaient sans doute peu. J'enfouis mon visage dans mes mains, non pas avec l'intention de pleurer, mais plutôt de réfléchir. Pourtant, quelques larmes m'échappèrent, perles liquides qui s'écrasèrent sur le tapis. Pourquoi ? La réponse ne tarda pas à venir, mais ce n'était pas celle que j'attendais. — J’ai aimé. Lorsque j’étais humaine, l’amour n’était pas le plus important. Le plus important c’était l’honneur, et l’héritage. Elle entama une danse lente et gracieuse autour de moi, perdue dans ses souvenirs. Je la suivais du regard, comme hypnotisée. — Je n’ai jamais aimé comme vous le dites. Jamais en étant humaine, et beaucoup trop en devenant vampire. Je fronçai les sourcils mais ne répondis pas. Les paroles avaient commencé à s'écouler doucement d'elle, des paroles qu'elle retenait peut-être depuis des années, depuis des siècles... Des paroles qu'elle devait prononcer, parce qu'elles lui apporteraient soulagement et réconfort. Je craignais qu'une intervention de ma part, si minime soit-elle, ne ferme à nouveau les vannes de son coeur. Je l'observai donc en silence pendant qu'elle choisissait une autre rose et en arracha un pétale. Lorsqu'elle s'approcha de moi, je me contentai de lui sourire malgré les larmes qui glissaient toujours sur mes joues. Le pétale frôla mon visage. Léger, tellement léger. Comme une caresse fugace. Mon coeur se mit à battre plus vite.— Lorsque j’étais humaine, j’ai perdu mon frère durant la guerre… Je le pleure encore aujourd’hui… Il est sans doute le premier homme que j’ai aimé. S’il n’était pas mort, je ne me serais pas enfuie. Alors je ne serai pas ici. Mais tu as raison, ne refaisons pas le passé avec des Et si. Elle se détourna de moi pour allumer un feu dans la cheminée. Le doux crépitement des flammes et leur odeur me rappelèrent mon enfance et brusquement, j'eus l'impression d'être non pas dans le manoir d'une famille de vampires, mais dans la maison à Paris. La pénombre ne me sembla plus étouffante mais sécurisante, la chambre devint un nid douillet, la silhouette accroupie devant le feu était celle de ma mère. Puis elle se retourna, les flammes jetèrent des éclats sur sa peau de marbre et l'illusion vola en éclats. — J’ai suivi un soldat qui disait m’aimer. Peut-être était-ce vrai car il déserta pour m’offrir une vie de liberté. Loin de Dieu. Loin de mon père et du souvenir du corps de mon frère mis en morceaux par une bombe. Mais nous ne sommes pas allés bien loin … Il nous trouva. Elle fit une petite pause ; pour mettre de l'ordre dans ses pensées ou trouver le courage de poursuivre, je l'ignorais. Son récit m'avait donné la chair de poule. — Tu ignores ce que c’est que de tout perdre… Absolument tout. Ta famille, entièrement. Tes amis. Ton amant. Ta vie. Ton nom… Tu oublies tout sous le regard de cet être unique qui te semble irréel, impossible. Le feu devint une flamme immense qui scintillait sous son regard envoûté. Elle avait raison : je ne pouvais pas imaginer ce qu'elle me racontait. Ne vivre que pour une seule personne, en devenir dépendante comme s'il s'agissait d'une drogue... Je ne pouvais pas comprendre cela. Lorsqu'elle évoquait cette passion, ses yeux brillaient comme s'il s'agissait de la chose la plus merveilleuse au monde, pourtant cela me semblait... Négatif. Malsain, une fois de plus. — Avec l’éternité, c’est la mort qui t’accompagne. Tu vois ton époque s’écrouler. Tu vois ceux que tu aimais mourir. Tu vois ta vie disparaître. Et tu restes là, dans le néant. Nue et seule. A la simple présence, tu te raccroche à tes sentiments comme un radeau dans l’océan. Son regard croisa le mien, empli d'ombre et de lumière, de mille secrets, de mille existences. En cet instant, je me sentais proche d'elle, plus proche que jamais. Peut-être grâce à l'illusion d'intimité que nous procurait le feu ouvert. Ou parce que c'était la première fois qu'elle me parlait ainsi. La lumière vacillante des bougies dansait sur son visage, lui conférant une aura de mystère. Elle était tellement... belle et triste à la fois, et je me sentais attiré par elle comme un papillon de nuit par la lumière. La lumière chaude qui l'appelle et l'envoûte... Mais qui peut aussi lui brûler les ailes.

— Je n’ai vécu que pour lui durant cent ans. Imagines-tu ce que cela représente ? Nous avons parcouru le monde. Nous avons expérimenté des choses incroyables. Nous ne vivions que pour l’autre, et par l’autre. Nous n’étions nous-même que parce qu’il était là. Nous n’avions pas de nom, nous étions un seul être. Le souvenir de cette passion animait son regard. Elle avait l'air tellement... Heureuse. Tellement humaine. — Voilà comment j’ai vécu l’amour. Et quand il est parti… alors je n’avais plus rien. Je n’étais même plus moi. Et il ne m’est resté que … la mort. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Ça, je pouvais le comprendre. Mon amour pour Kyle n'était certainement pas aussi destructeur que le sien... Mais j'avais aussi connu le désespoir de la perte et l'impression de ne plus être complète. Echo-Alice ouvrit les rideaux pour contempler le ciel nocturne. — Je me suis mise sur la falaise et j’ai attendu le soleil. Chaque seconde me semblait une année. Chaque minute un siècle. Il ne reviendrait pas, je le savais, et dès lors je n’avais plus de raison de vivre. Il ne s’agissait pas d’un désire égoïste de le faire souffrir, de me venger en me tuant. C’était plus malsain et profond que cela. C’était… comme se trouvait à la fin du chemin… Seule. Incapable de faire demi-tour, et n’ayant d’autre voie que le vide qui t’entoure. Un sanglot sec m'échappa. Je réussis à le déguiser en toussotement, mais je ne crois pas qu'Echo-Alice se laissa berner. Son histoire touchait mon coeur, y faisait vibrer mes anciennes peines avec une nouvelle intensité. Une intensité presqu'insupportable que je ne pouvais que traduire d'une façon : par la musique. Je fermai les yeux pendant que, peu à peu, une mélodie prenait forme dans ma tête. Une mélodie douce, si douce, comme la caresse d'une mère, mais empreinte d'une grande force et de volonté. Une mélodie triste et sereine à la fois, sécurisante comme l’étreinte d’un ami d'enfance. Une mélodie paradoxale comme les larmes de joie ou la pluie au printemps. Une mélodie complexe, changeante, mais toujours porteuse d'espoir et de beauté. Echo-Alice. J'ouvris les yeux avec l'impression de la voir pour la première fois. C'était elle, elle qui guidait la mélodie. Elle qui était la mélodie. Chagrin et joie, mélancolie, passion et tendresse, déchirement et espoir... C'était elle. Son essence. Sa trace que je retrouvais dans chaque note. Je n'avais encore jamais rien composé de tel. Jamais aussi vite. Jamais aussi... instinctivement. Je n'avais jamais rien composé d'aussi beau, d'aussi pur. D'aussi parfait. — Parfait. Soufflai-je. Les émotions d'Echo m'imprégnaient, et j'avais l'impression qu'un lien s'était formé entre nous. Je levai les yeux vers elle, curieuse de savoir si elle ressentait la même chose que moi.

C'est alors qu'elle me rappela le sujet de notre conversation en poursuivant : — L’histoire aurait dû s’arrêter là, mais Seth m’a trouvée, et vous connaissez la suite… Un sourire apparut sur son visage. — Aujourd’hui mon doux Sir est revenu vers moi. Et je sais qu’il suffirait d’un instant d’inattention pour me perdre en lui de nouveau. Comprends-tu à présent pourquoi je crains le passé ? Il est revenu à moi. Et je sais que cette fois je n’aurai pas la force de fuir le soleil à toute vitesse. Je me jetterai dans les flammes en souriant. Elle avait captivé mon imagination avec son histoire ; je mis donc quelques instants à sortir de ma transe et à me rendre compte qu'elle avait fini de parler. Une question se présenta aussitôt dans mon esprit et je la posai sans réfléchir. — Qui? Ma voix était légèrement enrouée après ce long silence. Je me repris aussitôt en posant une autre question, tout aussi dangereuse: — Pourquoi ? Pourquoi vous a-t-il abandonnée ? Pourquoi est-il revenu aujourd'hui ? Je devais peut-être me taire, laisser réfléchir Echo-Alice, la calmer... Mais je n'en pouvais plus. Il fallait que je parle. Le silence n'avait jamais été mon fort. — S'il vous aime, s'il vous aime comme vous l'aimez, de tout son coeur... Pourquoi vous a-t-il fait tant de mal ?Je consentis à adoucir mon ton, consciente que mes paroles sonnaient comme un sermon. — Je... Je tiens à vous, Echo C'était un aveu. — Je tiens à vous et je ne veux pas que quelqu'un vous fasse du mal. Je ne veux pas que cet homme vous détruise à nouveau. Je secouai la tête. — Ne pouvez-vous pas simplement... Cesser de le voir? Un coup d'oeil à son visage m'apprit ce que je voulais savoir, et je répondis aussitôt à ma propre question : — Bien sûr que non. Vous ne pouvez pas. Vous l'aimez vraiment, n'est-ce pas, votre Sir ? C'était là une question purement rhétorique. Une question qu'Echo n'entendit sans doute pas, perdue dans ses pensées. Alors, je remarquai avec effroi les larmes de sang qui coulaient sur ses joues. — Mensonge. Chuchota-t-elle avant de s'effondrer sur le sol.

Rien n'aurait pu me préparer à cela. Rien. Les vampires, incarnation de la grâce et de l'équilibre, ne tombaient pas. Ils ne trébuchaient pas. Et ils ne s’évanouissaient surtout pas. Je me précipitai auprès d'Echo-Alice, inerte sur le sol froid. Je fis alors ce que je n'avais jamais osé : je la pris dans mes bras et la berçai doucement. — Chhhhht. Chhhht. Murmurai-je. — Chhhhht. Tout va bien. Tout va bien. Comme si je m'adressais à un enfant malade. Je me redressai et la soulevai ; mes muscles protestèrent mais je tins bon. Je la portai jusqu'au divan, puisant de la force dans mon chagrin et mon sentiment d'impuissance. Je l'installai confortablement et m'agenouillai par terre sur le tapis épais. Mon mouchoir immaculé se teinta vite de rouge lorsque j'essuyai doucement les larmes d'Echo. Je dégageai ses cheveux de son visage. — Connaissez-vous l'histoire de la femme du teinturier ? Demandai-je brusquement, mue par une soudaine inspiration.Sans attendre sa réponse, je poursuivis : Il était une fois, dans un pays lointain au milieu du désert, un teinturier qui avait fait fortune de façon peu honnête. J'improvisais au fur et à mesure que je parlais ; les mots me venaient tout seuls. — Ce n'était pas un homme mauvais, mais nombreux étaient ses défauts. Il se passionnait pour la couleur pourpre, qu'il extrayait d'escargots de mer. Ses tissus comptaient parmi les plus beaux, les plus fins, mais aussi les plus chers du royaume. Pendant que je parlais, je visualisais l'histoire. — Ce teinturier était le propriétaire de la moitié de son village. Ainsi vint le jour où il expulsa une famille de sa maisonnette, car ces pauvres diables ne pouvaient payer le loyer. Cependant, faisant preuve de bienveillance, il consentit à épouser la fille cadette de la famille. Je fis une petite pause avant de poursuivre, sans cesser de caresser les cheveux d'Echo : — Cette femme s'éprit rapidement de lui, bien qu'il l'eut arrachée à sa famille. Belle et douce, elle faisait la fierté de son mari et supportait de bon coeur son mauvais caractère. Ils vécurent heureux pendant quelques temps... Jusqu'au jour où le Prince de la Mer arriva dans leur village. C'était un homme cruel, qui aimait torturer ses serviteurs et collectionnait les femmes comme d'autres collectionnent des objets d'art. Il se rendit à la boutique du teinturier afin qu'acquérir ces fameux tissus pourpres dont on lui avait parlé. Le destin voulut que la femme du teinturier croisa son chemin. Peu à peu, je retrouvais le ton et l'inflexion des conteurs, les expressions familières, et cela m'apaisait. — Il fut aussitôt charmé par sa beauté et sa vivacité d'esprit et décida de l'emmener dans son pays. Comme elle se réfugiait dans les bras de son mari, en pleurs, celui-ci tenta de négocier avec le Prince. Ils décidèrent la chose suivante : une cargaison de dix mille escargots serait livrée dans la cour de la boutique. Dans la coquille de l'un des escargots, le Prince cacherait une pépite d'or de forme particulière. La femme du teinturier avait un jour et une nuit pour trouver la pépite. Si elle échouait, le Prince l'emportait dans son harem, mais son mari recevait les dix mille escargots. Si elle réussissait, elle pouvait rester auprès de son mari, mais les escargots devaient être rendus au Prince. Ma position devenue inconfortable, je ramenai mes jambes contre ma poitrine et y posai le menton, tout en poursuivant, rêveuse : — Le teinturier était alléché par la perspective de recevoir dix mille escargots... Mais il préférait encore garder sa femme, sa grande fierté. Il ourdit alors une machination destinée à tromper le Prince. Celui-ci avait un serviteur particulièrement stupide et lent, mais qui le suivait partout. A l'aide d'un généreux pot-de-vin, le teinturier réussit à obtenir un dessin de la pépite d'or du serviteur. Il en fit aussitôt fabriquer une semblable, en forme de paon. Comme il savait que sa femme n'accepterait pas de tricher, il dissimula la pépite dans un escargot, le plus gros de tous, où elle la trouverait aisément. Cependant... Cela ne se passa pas comme prévu. Je laissai un silence dramatique s'installer. J'ignorais si Echo m'écoutait, ou même si elle m'entendait, mais je me donnais en spectacle comme si c'était le cas. — Hélas, la femme commença par les petits escargots, délaissant les plus voyants. Les heures passèrent et son mari commençait à se ronger les ongles, inquiet mais n'osant rien dire de peur de se faire fouetter par le Prince. Mais lorsqu'elle trouva finalement la pépite factice, le soulagement du teinturier fut de courte durée... Comme Echo-Alice s'agitait légèrement, je décidai que le moment était idéal pour laisser mon histoire en suspens... Avec le sentiment étrange d'être Shéhérazade, je déclarai donc : — La suite... Bientôt. Echo-Alice avait ouvert les yeux ; je lui souris tendrement. J'avais souvent remarqué que les histoires avaient le pouvoir d'apaiser l'esprit, de refouler les peines de la vie quotidienne pour laisser place aux miracles nés de l'imagination. — Votre Sir... Commençai-je d'une voix douce. — Parlez-moi de lui. L'ambiance de la pièce baignée dans la lueur chaude des flammes se prêtait merveilleusement bien aux confidences. Au lieu de demander à Echo-Alice d'oublier son amant, au lieu de l'exhorter à ne pas pleurer, je voulais... Qu'elle vide l'abcès. Qu'elle allège son fardeau en le partageant avec moi. Cet amour n'était pas une simple lubie, mais une passion enracinée profondément en elle. Une passion que je n'avais jamais connue, mais que j'essayais de comprendre, de respecter. Même si je détestais déjà ce Sir pour le mal qu'il avait fait, je m'efforçais de le voir du point de vue de ma maîtresse. Si je voulais l'aider, il fallait que je change de cap. Critiquer John ou la mettre en garde ne servirait à rien.— Il doit être... exceptionnel pour vous émouvoir ainsi. Ajoutai-je avec un sourire taquin. Je me levai et tisonnai le feu, laissant à Echo le temps de se remettre de ses émotions et de trouver une réponse. Lorsque je me tournai de nouveau vers elle, si pâle, si... perdue, mon coeur chavira. Le déchirement que je lisais dans son regard m'était insupportable. Oh oui, je m'étais attachée à elle... Beaucoup plus que je ne croyais. Beaucoup trop. Je m'assis sur le bord du divan et pris la main de ma maîtresse. — Oh, Echo... L'envie de la tutoyer me tenaillait, pourtant je m'en abstins ; je ne voulais pas briser le lien fragile qui venait de s'installer entre nous. — On vous a fait beaucoup de mal, n'est-ce pas ? Pourtant, quand vous parlez de votre gentilhomme, vous... rayonnez. L'amour vous transforme. Je la contemplais presque avec... fierté. Comme si c'était elle, ma créature, et non l'inverse. — Est-ce vraiment une mauvaise chose d'aimer ? Qu'y a-t-il de plus vrai, de plus vivant que l'amour ? Peut-on se perdre dans un labyrinthe plus beau, empli de merveilles et de surprises, de déceptions et de colères, de tristesses et de joies ? Je la regardai droit dans les yeux. — Echo, vous êtes vivante. Vous vivez ici et maintenant. Pourquoi refuser ce qui s'offre à vous ? Pourquoi se tourmenter pour les choses que vous ne pouvez changer ? Vivez. Vivez. Et soyez heureuse, même si ce n'est que pour une heure, un jour, une année. Si vous ne pouvez résister, cédez au moins de votre plein gré. Je me penchai vers elle. J'avais ramassé une rose, et j'utilisai sa tige pour me griffer le cou jusqu'à ce que le sang commence à perler. Echo-Alice avait l'air tellement faible et démunie... Elle devait reprendre des forces. Je pressai doucement ma gorge contre ses lèvres, attendant qu'elle morde. Les paroles n'étaient plus nécessaires entre nous. Puis, je me rendis compte que c'était la première fois que je donnais mon sang de plein gré, la première fois que je l'offrais. A Echo-Alice. Ma maîtresse. Et tellement plus que ça.
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MessageSujet: Re: Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE   Joyeux Anniversaire || SERILLE&ECHO-ALICE EmptyVen 26 Oct - 5:59

A CENTURY
Il y a cent ans que le soleil s'est levé une dernière fois, et me tua.

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Un froid mordant s’abattit sur son corps, et de toute part elle se sentait mourir. Elle n’aviat plus la force de se lever, de bouger, ou de marcher. Elle avait l’impression que son esprit était sur le point de la quitter, s’envolant loin de son corps, de cet être maudit, de cette créature cruelle et mortifère. Elle était une humaine coincée dans le corps d’un monstre. Voilà ce qu’elle était devenue. Voilà ce qui avait changé en un siècle. Elle avait appris à aimer les autres, à s’intéresser aux humains, à vivre avec eux. Echo-Alice avait été une grande chasseuse autrefois. Elle traquait les humains, les pourchassaient parfois durant des semaines, des mois, ou une année entière avant de les assassiner. Elle se souvenait de cette soif de tuer, plus encore qu’un réel désire sadique de faire du mal. Elle était simplement un monstre, soustrait de toutes sortes de consciences. Elle n’avait pas de compassion pour le genre humain. Elle s’était longtemps coupée de son passé en tant qu’infirmière. Elle n’avait retrouvé sa famille qu’une seule et unique fois après sa transformation. Lorsqu’à la fin de la guerre, un hommage avait été rendu aux soldats morts sur le front. Parmi ces soldats se trouvait son frère. Elle se souvenait distinctement ce jour de deuil. Le dernier où elle avait pleuré son humanité. Elle était alors à Philadelphie, âgée de quelques années vampirique – elle ne se souvenait pas précisément de son âge alors – et avait demandé à John de la ramener sur sa terre natale. Elle avait ressenti le besoin impérieux de fouler cette terre une dernière fois avant de lui dire adieu à jamais. Elle avait donc suivi le chemin de terre qui la menait chez elle, et avait trouvé la maison vide. Elle s’était glissée dans sa chambre et en avait ressorti une poupée. LA seule qu’elle possédait. Dans sa belle robe blanche, elle ressemblait à une mariée. Le genre de poupée en porcelaine que toute petite fille rêve d’avoir. Elle la possédait encore aujourd’hui. Elle se trouvait dans le double-fond de son placard. Elle gardait cette poupée depuis deux siècles, cachés, sans jamais la toucher, la prendre dans ses bras, ou même vérifier qu’elle se trouvait à sa place, comme souvenir de son humanité. Image de son humanité à jamais perdue, mais toujours présente en elle. Quelque part. Profondément caché. Elle avait pris cette poupée, dans sa chambre d’enfant, et se retournant, elle avait quitta sa maison. Elle n’avait pas fait demi-tour. Elle n’avait pas jeté un dernier regard sur cette relique de son passé. Elle marchait sur les sentiers de terre, jusqu’au cimetière. Il était un peu moins de midi quand elle y arrivait. Mais la pluie était drue sur son passage, et elle n’avait pas à craindre les rayons du soleil. Elle était seule, ayant demandé à John de ne pas la suivre. Elle arrivait à quelques mettre de la foule, pendant qu’un ecclésiastique faisait une prière en l’honneur de la Vierge et de Dieu qui rappelait à lui ses enfants. De loin, elle vit sa mère pleurer dans les bras de son père. Son frère était mis en terre… Non pas son frère mais son esprit. Elle réalisa alors que si son frère ne reviendra pas, il en serait de même pour elle. Elle était morte. Elle devait être morte. La foule se dispersa peu à peu et il ne resta qu’elle pour déambuler autour des tombes dans sa robe noire en dentelles. Elle trouva la tombe de son frère et y déposa une fleur de lys. La fleur des rois, la fleur noble… C’est alors que son regard resta figé. Sur la tombe se trouvant près de celle de son frère. Sur celle-ci, plus petite et moins ornée, se trouvait une poupée de chiffon salie par la pluie et la terre. Elle se laissa tomber dans la tête caressant les lettres gravées sur la tombe : Innocence Alice Sunshine, fille aimée, sœur adorée. Elle était belle et bien morte à présent.

Et comment avec de tels souvenirs, revenant en cette sombre journée, elle pouvait se sentir sourire ? Elle avait l’impression que rien ne brillait à cette instant. Même les flammes dans la pénombres ne l’éblouissait pas. Elle les observait, attirée par le mouvement sensuel du feu. Mais il lui semblait que son corps était vidé de son énergie, et son esprit embué par la douleur. « Non » Résonnant dans le silence de la pièce à la manière d’une condamnation, le mot unique de Sérille eut pour effet d’ôter à Echo toute forme de pensée. Elle fixait son esclave avec une expression de stupeur, comme si elle sortait soudainement d’un rêve, sans comprendre où elle s’était réveillée. Elle fixait ce qui lui semblait le plus familier. Il était déjà arrivé à Echo de se réveiller dans la pénombre, parfois au milieu de la journée, et de ne pas reconnaître sa chambre baigné dans la lumière filtré par les énormes rideaux. Alors Sérille était la seule chose qu’elle désirait. A la manière de Jack avant elle, elle avait le don de la rassurer, de la faire sentir comme chez elle. Elle était comme une lumière dans l’obscurité de son existence. Elle se trouvait dans un labyrinthe de possibilités, vertigineux et noueux. Sérille était son fil d’Arianne et bien souvent Echo-Alice suivait aveuglément ses conseils. Aujourd’hui, alors qu’il lui semblait se trouvait dans un cul-de-sac, Sérille était un murmure à son oreille qui lui désignait la route à suivre. Echo était fatiguée de courir, elle avait le désire de rester là, et d’attendre que le temps s’arrête. Mais le cours du temps et inaltérable, et c’est elle qui finira pas s’ennuyer. Que faire dés lors … « Le temps n'a altéré ni sa beauté ni la vôtre, c'est vrai... » Echo écoutait la voix mélodieuse de son esclave, buvant ses paroles à la manière d’un remède à son empoisonnement. La mélancolie s’infiltrait en elle et la rendait folle. Elle avait le désire de rester là à contempler le passé comme s’il fut la chose la plus radieuse de son existence, éblouit par sa candeur et sa force. Comme si le futur ne pouvait être que plus terne. »Je vous connais depuis deux ans, Echo-Alice. Ce n'est sans doute rien pour un vampire, mais... » Echo osa sourire pour regarder Sérille. L’esclave avait une vue humaine du temps et de la vie. Deux ans pour un humain c’était un moment long, durant lequel une vie entière pouvait changer. Pour un vampire, le temps était simplement une accumulation d’années qui se ressemblent. Il n’y avait rien d’existant à vivre deux ans de plus .. sauf parfois quand une belle rencontre rend l’existence plus rapide entière. « Pour un vampire deux ans apparaissent comme deux siècles ou deux secondes. Ces deux ans auprès de vous ont été un grand bonheur pour moi Sérille. » Dit-elle en se rapporchant de l’esclave, éclairant son beau visage d’une bougie son la cire brulante coulait sur ses doigts fins, créant une morsure délicate. « En ces deux petites années, je vous ai vu évoluer. Non as en apparence, mais ici En prononçant ce dernier mot, la jeune femme frôla le cœur mort d’Echo. Elle avait changé en deux ans … elle avait changé en un siècle. C’était fort probable. Elle essaya de voir les choses autrement alors, sous une nouvelle perspective. Son corps était une cage, qui l’empêchait de danser avec son grand amour. Et le seul être qui en possédait la clé se trouvait à présent dans la même citée qu’elle, alors qu’elle pensait que son cœur resterait hermétiquement fermé pour le restant de l’éternité. Elle prenait le risque aujourd’hui de l’ouvrir à nouveau et de laisser échapper tout ce qu’il avait de plus sombre. Ce n’était pas un cœur humain qu’elle avait. C’était le cœur d’une folle. « Votre candeur me fait envie… j’aimerai vivre dans votre esprit parfois, voir le monde à travers votre regard. » Elle aimerait retrouver cette foi en l’existence, l’impression que la vie pouvait avoir un sens au-delà des mensonges, des souvenirs déchus, des cruelles sensations, des déceptions, des pertes. De la mort, toujours et encore. Cette mort était l’obsession des éternelles. La mort était la fin de tout, le néant le plus complet après la vie éblouissante. Comme ne pas la craindre ?

« Certains hommes croient au destin, à une volonté immuable qui nous dirige sur un chemin dessiné d'avance. D'autres préfèrent le hasard, qui frappe aveuglément. Moi, je crois que chacun décide de sa propre vie. La rose emprisonnée dans la glace peut trouver le courage de briser son cocon. Cela durera peut-être cent ans, mille ans avant qu'elle ne réussisse à pratiquer une fissure dans sa prison ; mais un jour, elle sera libre. Si elle ose. Si elle repousse sa peur pour voir au-delà de ses certitudes qui l'enracinent. » Le mot Destin était un autre mot pour désigner Dieu, la fatalité, ou Satan. Le desin était une illusion de l’homme pour se faire croire que sa vie pouvait avoir un sens. Qu’il n’était pas parfaitement seul pour décider de ce qu’il voulait faire de sa vie. Ou alors pour justifier ses choix justement. Quand un homme n’a qu’une vie il a besoin de justifier ses choix, prétextant qu’il n’aurait pas pu vivre une autre vie, que le destin l’avait mené sur ce chemin évident. Mais quand on est immortel, que la vie se compose de centaine d’existence, comme justifier vos choix au-delà de votre simple volonté ? En choisissant John Echo-Alice risquait de faire souffrir Esfir, Seth, Elwing. Elle risquait de faire souffrir elle-même. Mais en lui tournant le dos elle se condamnait à une vie de mélancolie et d’habitude, et de cela aussi elle en avait confiance. Jamais plus elle ne se sentira belle. « Je pense, moi, que nous sommes bien seuls. Il n’y a pas de destin, de fatalité, ou de Dieu. Il n’y a que nous, et nos propres choix. La liberté la plus totale, et angoissante. Il est parfois plus facile de ne pas faire de choix, de rester figée dans le temps, sans risquer de disparaître. Je n’ai pas eu le courage de faire un choix, aujourd’hui j’y suis obligée… je ne peux plus rester immobile, vous avez raison. Mais j’ai peur de vaciller et de tomber… » Elle avait le vertige, c’était une chose qu’elle gardait de son humanité. Face à sa liberté, elle restait figée, incapable de marcher sur le fil tendu et léger de son existence, alors que le vide l’attirait irrémédiablement. Elle resta figée, sans bouger dans la pièce, pensant aux déclarations de Sérille, à sa propre existence, à la mort, au vertige. Soupirant de lassitude.
« Connaissez-vous ce petit jeu ? » La vampire tourna un regard morne vers la jeune femme qui s’était emparé d’une fleur et qui tenait un pétale entre ses doigts fins. Echo sourit. Les jeux de l’enfance lui manquait plus que tous les autres. « Depuis plus longtemps que vous sans doute ~ » Dit-elle d’une voix moqueuse, profitant du ton plus joviale de la conversation. Elle observait les mouvements de Sérille et comptait avec elle. « Un peu. Beaucoup. Passionnément. A la folie. Pas du tout. Un peu. Beaucoup. Passionnément. » Echo retint son souffle alors que Sérille ôtait la dernier pétale… « A la folie » Elle regardait les fenêtres cachées par les rideaux et imaginait les paysages qu’elles cachaient. « La folie… N’y a-t-il point d’autre issu à la passion ? » Question rhétorique. Inutile. Pensive. Un murmure dans la tête d’un dément.

Elle n’arrivait pas à croire qu’elle vivait sur cette terre depuis deux siècles et demi. Elle était née à une époque de révolution et de changement, de tempêtes, de découvertes, de décadence. Elle était née à une période où la technologie était dans ses premiers élans, où l’homme pouvait encore rêver de marcher sur la lune un jour, ou de parler avec un être de l’autre côté du monde instantanément. Des rêves, voilà ce qui les avait poussé hors de leur limites. Le rêve offre à l’homme un nouveau monde qu’il façonne selon ses propres désirs. Un monde qui ne connaît pas de limite, qui n’a pas de frontière ou de lois. C’est une des raisons qui expliquent pourquoi les hommes étaient devenus fous à cette époque. Le rêve n’est pas un échappatoire, c’est une prison. Le rêve est un processus de destruction qui met les hommes face à la fatalité d’une existence qu’ils ne peuvent pas maîtriser. Ils ne peuvent pas contrôler le temps, stopper le mouvement circulaire de ces aiguilles dans la pendule. Arrêter ce tic tac insupportable qui leur rappelle que leur temps est compté. Alors ils rêvent. La nuit quand ils s’endorment ils espèrent rêver. Cela leur fait vivre une deuxième vie, une seconde existence sans règles. Les vampires ne rêvent pas. Ils n’en ont pas besoin, car il n’y a pas de limite dans leur existence. A part celle, évidemment, du temps… « Votre quatrième vie... » Cela aussi c’était une chose qu’elle n’arrivait pas vraiment à comprendre. Comment pouvait-elle en être à l’aube d’une quatrième vie, alors qu’elle ne voulait pas faire le deuil de ses habitudes au château ? Le retour de John dans son environnement l’avait bouleversée. Elle ne savait plus où donner de la tête, que croire ou que penser. Durant cent ans elle avait suivi les mêmes habitudes, changeant uniquement lorsqu’elle était entrée au service de César il y a dix ans. Avant cela, elle se levée tous les soirs dés que le soleil était couché, elle s’habillait, déjeunait avec Esfir ou Seth, partait pour la bibliothèque où elle dévorait tous les livres qui lui passaient sous la main, et sur les coups de cinq ans du matin elle retournait dans sa chambre et se préparait à dormir. Elle faisait cela chaque jour, et elle comprit alors. Elle lisait pour échapper à cette existence, à la mort qui l’avait pourfendue. Elle cherchait une échappatoire. Quand elle lisait elle était quelqu’un d’autre. Elle était une jeune princesse noble et chaste qui refusait l’amour de son amant volage. Elle était un homme fou amoureux d’une prostituée capable de la suivre au bout du monde et de tuer pour elle. Elle était une jeune imprudente qui se jetait dans les filets d’un homme joueur. Elle était également cet homme qui se faisait prendre au jeu de l’amour sans même s’en rendre compte. Elle avait été tout cela, elle se souvenait des sensations uniques que les livres lui procuraient. Jamais elle ne pourrait oublier cela. Des choses que seul les livres pouvaient lui offrir. C’était pour cela qu’elle retournait inlassablement dans cette bibliothèque. Seul John était capable de la mettre face à des sentiments aussi pures et violents. Unique. « C’est cela… en quelques sorte. » Elle avait joué des centaines de rôles, elle avait été des centaines de personnes différentes, mais de ce qui concernait sa vie, sa propre existence elle revoyait le soleil se lever une fois encore, et angoissait à l’idée que ce soit son dernier matin. Elle ne voulait pas entrer dans ces allégations directement avec Sérille, mais elle y pensait quelque fois. Elle y pensa à cet instant, un court instant. « Si vous ne vous relevez pas, cette fois ? Si vous sombrez ? Si vous mourez ? Serait-ce vraiment si grave? » Elle fut presque froissé par le ton qu’employait la jeune esclave. Elle sourit, un sourire moqueur mais touchée, presque blessée par la remarque de la jeune femme. « Est-ce vous souhaiteriez ma mort ? » Autant être le plus claire possible, même si la déclaration était faite sur le ton de l’ironie et de la blague. Elle se posa vraiment la question en outre. Est-ce que ca serait si grave que cela si cette fois elle ne s’en remettait pas ? Elle avait peur, réaction humaine qui la caractérisait parfois. Evidemment qu’elle avait des raisons d’avoir peur et de ne pas vouloir prendre ce risque. Elle aimait vivre, elle aimait sa vie. Elle avait été détruire une fois et avait failli ne pas se relever, elle ne voulait pas sentir ce désespoir une fois encore. Ce sentiment de solitude extrême, d’abandon le plus total qui l’avait poussé à se mettre face à l’horizon et à attendre le levée du soleil. Jamais plus. Non. Jamais.

« Nous, les humains, avons tous une seule existence. Une seule occasion de faire des choix. Vous... Vous avez déjà vécu si longtemps. Même s'il y a eu beaucoup de souffrance dans votre vie, je suis sûre que vous gardez aussi le souvenir de nombreux instants de joie. Une belle vie, pourrait-on dire, ou en tous cas aussi belle que possible en ce monde. Serait-il alors si difficile de mourir ? N'avez-vous pas, après toutes ces années, cessé de craindre la mort ? » Elle oubliait parfois que Sérille était humaine. Elle voyait les choses de son point de vue de simple humaine et certaine chose lui échappait. Echo-Alice soupira et s’assit sur le canapé, face aux bougies avec lesquels elle joua. Elle avait beaucoup souffert, c’était un fait. Heureusement il y avait eu aussi de la joie dans sa vie. Elle ne pouvait pas nier. Et comment le pourrait-elle ? elle n’était pas tant que cela à plaindre. Elle avait connu l’amour le plus sauvage. Elle avait trouvé une seconde famille. Elle avait eu une famille des plus généreuse. Elle avait connu la liberté, la richesse et la débauche. Elle était libre. Bien plus libre que Sérille. Cependant cela ne changeait rien. Elle avait vu des vampires mourir, elle avait lu des journaux de vampires morts à présents, condamnés à l’exil, ou au bucher. Elle avait cotoyer des êtres qui étaient sur le point d’être condamnés. Elle les avait regardé dans les yeux et c’était toujours la mort chose qu’elle y avait vu : la peur de l’inconnu. « Nous n’avons pas les réponses Sérille. Nous ne savons pas ce qu’est la mort. Nous avons la chance de pouvoir lui échapper plus longtemps que vous, mais elle ne nous effraie pas moins. Au contraire, nous sommes sans doute d’autant plus attaché à notre vie… J’ai beaucoup vécu, certes. Mais finalement c’est toujours le même schéma qui se répète indéfiniment. » Elle n’était pas aveugle, elle avait parfaitement conscience que son existence était vaine. Elle répétait toujours les mêmes schémas, elle s’enfonçait dans une habitude et ne cesser d’y revenir constamment. Elle n’arrivait pas à se libérer de cela pour faire autre chose. Faire quelque chose de nouveau, chaque jour, changer. « Il n'y a rien de mal, ni de lâche, à avouer sa peur. » De quoi est-ce que Echo avait réellement peur ? Elle avait peur de mourir, de souffrir, et de se perdre. De ne plus savoir qui elle était, qui elle voulait être. Ne plus réussir à être humaine, à faire preuve d’amour et de générosité envers les autres. Elle avait peur de ne voir en Sérille que du sang et du sexe. De ne plus voir la perfection de sa musique. De disparaître. Elle avait peur de disparaître. « Certes. Mais cela peut devenir dangereux selon la personne qui possède votre faiblesse. » Elle ne donnait pas facile sa confiance, et elle ne se confiait qu’à de rares personnes. Sérille en faisait partie. Elle savait des choses sur Echo qui pourrait la détruire si des personnes mal intentionnées venaient à le découvrir. Elle soupira et retint un sanglot. Elle devait se montrer forte, c’était la seule solution pour sortir de ce schéma sordide. Elle devait être forte, relever le regard et se montrer fière. « Ecoutez-moi, Echo. » Elle releva le regard vers Sérille, docile et intéressée. « Je ne sais pas ce que vous avez vécu, et je ne prétends pas le comprendre. Cependant, voici ce que je remarque quand je vous observe : vous vous accrochez à votre passé comme un chien à son os. Vous vous plaignez de ne pas changer, mais vous vous vautrez dans vos convictions et vos souvenirs. C'est vous, Echo, qui avez tissé le manteau de votre désespoir, vous qui avez choisi de l'endosser. » Sérille avait raison sur certains points, mais c’était sur des choses qu’Echo n’avouerait sans doute jamais. Jamais elle ne réussira à assumer le passé qu’elle avait. Jamais elle ne pardonnera John pour son départ, jamais elle ne fera le deuil de son frère, ou de son humanité perdue. Jamais elle ne réussira à oublier le fait qu’elle avait désiré la mort qu’elle l’avait attendu à la manière d’une maîtresse le soir de ses noces. Jamais elle n’oubliera le mois passé en Echose avec Seth dans le silence presque totale avant de revenir à Heartkiller. Jamais elle n’oubliera la première fois qu’elle avait vu Esfir venir vers elle et la prendre dans ses bras. Le premier contact physique avec un autre vampire que John depuis son départ. La première fois qu’une vampire la prenait dans ses bras non part pour la déshabiller ou pour lui faire l’amour, mais pour la réconforter. Pour être présent pour elle, lui montre qu’elle n’était pas seule. Elle avait pleuré dans les bras d’Esfir. Elle avait répondu alors à son étreinte et s’était laissée aller à pleurer. Elle avait comprit dés lors que jamais ce passé ne la laisserait en paix. « Que devrais-je faire d’autre ? Je n’ai que ce manteau Sérille ! Je n’ai jamais connu que cela. Ce passé fait parti de moi… il est … Vous n’avez qu’une seule vie, vous pouvez choisir… vous devez choisir de la mener comme il vous plait, de faire tout ce que vous avez envie de faire durant cette vie. Nous avons l’éternité. Nous n’avons pas de futur, nous n’avons pas besoin de projet. Il ne nous reste alors que le passé. Je ne suis pas quelqu’un de courageux… » Elle n’avait jamais réussi à s’imaginer dans le futur. Que pouvait-elle espérer ? ni mariage heureux, ni enfants, ni métier. Elle pouvait tout faire, tout être. Elle n’avait envie de rien d’autre que de l’instant. Elle jouissait simplement de l’instant en espérant réussir à oublier ceux qui avaient réussi à lui échapper. Le passé. Toujours. Les êtres éternels n’ont pas d’avenir, ils n’en ont pas besoin. Ils n’ont pas rêves. Ils se lancent parfois quelque défis, mais cela ne dure jamais. Il s’agit de divertissements qui chasser l’ennuie. Il ne s’agissait que de cela. Chasser l’ennui pour se donner l’impression de jouir de cette vie et oublier l’attraction exercée par la mort. Alors oui, elle se prostrait dans son manteau de douleur, et Sérille voulait peut être la faire sortir de sa léthargie, mais Echo était terrifiée à l’idée de le faire. Elle devait accepter l’idée. Ce n’était qu’une question de temps. « Je n'ignore pas que vous avez subi des choses horribles. Même avec ma piètre expérience en la matière, je sais que la douleur de certains évènements ne part jamais ; la peau cicatrise, mais le corps n'oublie jamais la blessure. » La vampire ne put qu’acquiescer à ses paroles. Toujours avec une forme de mélancolie qui ne voulait pas la quitter en cette journée particulièrement. « Mon corps est dur comme le marbre, façonné par des artistes fous. » sa voix se faisait murmure. Elle n’était pas celle qu’elle avait voulu être. Elle était la résultat de ses expériences aux côtés de John, de son frère, de Seth. Elle était la femme qu’ils avaient fait d’elle. Elle ne savait pas si elle s’aimait ou pas. Elle ne voulait aps vraiment se poser la question. Elle vivait comme ca, simplement. Cela semblait énerver Sérille, voir sa maitresse prise dans cette léthargie semblait lui être inspportable. Elle commençait à perdre son sang froid. « Mais c'est fini maintenant, fini ! Au lieu de rester murée dans votre propre angoisse, au lieu de vouloir changer à tout prix, vivez. Vivez, et vous apprendrez à vivre. » Il était facile de tenir un tel propos pour quelqu’un qui avait perdu sa possibilité d’avenir et sa liberté. Sérille voyait les choses à sa hauteur sans réussir à voir à travers les yeux d’Alice. Celle-ci ne pouvait pas lui en vouloir, c’est de cette fraîcheur et de cet optimiste qu’elle avait besoin ce jour-là, mais elle n’arrivait pas à y adhérer. « Mais nous sommes déjà morts ! Nous vivons la seule vie qu’il est possible de mener pour l’éternité. Une vie faite d’habitude et de regrets. »

« Vous ne vivez pas, non, vous passez votre temps à vous morfondre parce que vous n'êtes pas morte. » Echo connaissait assez bien Sérille pour savoir qu’elle avait du mal à se montrer parfaitement respectueuse, même envers elle. La vampire laissait beaucoup de liberté à l’artiste de s’exprimer et parfois cela se retournait contre elle. Comme ce jour-là. C’était la preuve de la passion de Sérille envers la vie, mais c’était aussi parfaitement agaçant pour la vampire qui se retrouvait face à ses imperfections et ses défauts les plus flagrant. Alors quand elle sentait que Sérille perdait le contrôle elle tachait de la reprendre. « Tenez votre langue. » siffla-t-elle entre ses dents comme pour lui rappeler devant qui elle se trouvait. A qui elle parlait. « Qu'est-ce que vous voulez, Echo ? » La vampire resta de marbre, sans réussir à répondre. Ce qu’elle voulait ? John, l’amour, la sécurité, le soleil sur sa peau, un câlin, du silence, être seule, pleurer, rire aux larmes. Elle voulait vivre, enfin, sans risque d’en souffrir, mais c’était une pure utopie. Elle allait vivre, oui, mais la souffrance sera toujours là. Personne n’est jamais parfaitement heureux pour toujours. Personne. « Qu'est-ce que vous voulez vraiment ? Que je m'efforce à vous consoler ? A trouver les arguments justes pour vous convaincre que vous êtes bien en vie ? Ou que je vous dise la vérité? » Alice connaissait la valeur du mensonge, combien il pouvait être doux et agréable. Mais elle ne devait pas se laisser aller à cette chimère. Elle devait laisser Sérille la convaincre, prendre toutes ses certitudes et les faire voler en éclat. Elle devait mourir une fois encore, se laisser mettre à terre et se faire battre. « Vous connaissez mon amour pour la vérité. Je vous donne cinq minutes de liberté, videz votre sac, puis tenez votre langue. » Elle regardait Sérille dans les yeux et se préparer à recevoir les coups. « Très bien. Echo-Alice, vous ne vivez plus. Cela fait presque trois cent ans que vous êtes morte. Ça vous plaît plus d'entendre ça ? Ça vous soulage ? » Le ton qu’employait Sérille montrer toute sa virulence et l’ironie de son propos. Cela n’aidait pas Echo. Son esclave lui montrer combien elle paraissait stupide et la vampire – ainsi que son orgueil démeusuré – n’appréciait pas cela du tout. « PAIX ! Calmez vous Sérille vous devenez ridicule. Tout cela ne nous mènera nul part. » Elle grognait presque l’ordre en lui faisait bien voir qu’elle ne plaisait pas. Le ton se fit alors plus élogieux à son encontre ce qui la calma pour un temps. « Vous êtes un vampire : plus belle, riche, intelligente et forte que je ne le serai jamais. » Banalité. Banal vision d’une humaine qui ne voyait en nous que le prédateur. Nous étions façonnés pour la chasse pour attirer nos ennemis rien de plus. Ce n’était pas de la beauté, c’était une illusion faite pour la faire plonger dans nos filets. « Vous vous trompez. » Que pouvait-elle dire de plus sur le sujet ? « Eternellement jeune. Sans souffrir des craintes qui affectent la plupart des humains. Mais vous êtes seule, n'est-ce pas ? Ce doit être horrible... De vivre alors que tous ceux que vous avez connus sont morts depuis longtemps. N'avez-vous jamais rêvé d'avoir des enfants, Echo ? De vivre normalement, de sentir la caresse du soleil sur votre peau, de vieillir ? La solitude vous ronge. Et vous vous ennuyez à mourir. Tous. Même Ces... l'Empereur. » Des enfants … Echo ne s’était jamais vraiment penché sur la question. John… Est-ce que John lui voudra des enfants ? elle l’ignorait. Mais si c’était le cas ? Un vampire mâle pouvait toujours faire tomber enceinte une humaine et même si cela était prohibé et mal vu c’était une chose possible. Elle, elle ne pourra jamas faire d’enfant avec un vampire. Elle était morte de l’intérieur. Raison de plus pour se méfier de lui si un jour il décidait de la quitter parce qu’elle ne pourrait pas lui offrir une vie de famille à la con. La solitude… oui, c’était bien cela la solitude. Elle savait que Sérille avait raison mais elle ne pouvait pas la laisser parler sans se défendre. Elle en ressentait le besoin. « Je suis née à une époque où avoir des enfants étaient la seule preuve d’une vie réussie pour une femme. J’en aurais sans doute voulu, mais j’étais bien trop occupée à échapper à la dictature de mon père. L’ennui est notre fardeau, nous pouvons nous en accoutumer. Quelle est votre croix à vous ? La mort ? Vous êtes puis trop préoccupé à l’éviter pour réellement la craindre. Vous faites tout pour échapper à l’évidence. Comment voulez-vous vivre Sérille ? » Elle voulait lui montrer aussi l’absurdité de sa propre existence. Elle voulait se défendre… par l’attaque. Dernière façon de se défendre avant de tomber à terre, vaincue. Elle était seule, oui, et elle avait peur… De quoi ? D’échapper à la solitude en tombant amoureuse ? Absurdre. Stupide. « Si vous me proposiez de me changer un vampire, ici et maintenant, je refuserais. Vivre dans le froid et l'obscurité, vivre tellement longtemps que même les petits plaisirs du quotidien perdent leur saveur, vivre sans être capable de mourir, et souffrir... C'est un destin que je ne souhaite à personne. Le prix est trop élevé. » Nouvelle preuve de la sagesse et de la lucidité de la violoniste qui fit sourire Echo. Elle savait que cela pouvait être un état passager, mais cela la fit sourire, la rassura. Elle avait encore son innocence. Mais cela pouvait … changer. Echo savait que la présence de certaine personne sur l’île pouvait aisément faire changer la jeune femme d’avis. Et si elle découvrait que Kyle se trouvait sur l’île ? immortel ? Aurait-elle toujours cette répugnance pour l’éternité ? « Je ne vous changerai pas en vampire. Pas pour le moment… mais peut être qu’un jour, à la manière de Jack, vous comprendrez ce qu’il y a de beau en l’éternité, et vous me demanderez de vous mordre. Je vous en demanderai les raisons… et je ne vous comprendrais pas. Peut être qu’un jour quelque chose pour poussera à vouloir mourir… » Dit la jeune maîtresse en se penchant vers l’esclave comme pour lui glisser un secret. Elle retrouvait dans son regard une flamme de vie qui lui manquait. Qui la rendait ivre de jalousie.

Il y eut un instant de silence, qui n’était silence que pour l’ouie d’Echo. Sérille ferma les yeux, se laissa envahir par l’instant, et sembla être portée dans un ailleurs qu’Echo ne pouvait pas atteindre. Elle observa son esclave, sa magnifique esclave et l’envia de telle sorte qu’elle sentit la jalousie gonfler sa poitrine et sa colère. Mais aussi cette fascination, qui prit le dessus et la poussa au silence. Sérille était une artiste, elle n’était pas une humaine comme tous les autres, et c’est pour cela qu’elle était encore en vie aujourd’hui. Echo savait qu’elle ressentait les choses différemment, elle voyait les choses différemment des autres. Elle entendait de la musique dans le silence . Elle entendait l’harmonie du monde dans le grésillement des oiseaux et le clapotis de l’eau. Et elle savait le traduire en pure beauté dans sa musique. Son violon était le reflet de cette âme si pure qu’elle possédait. Echo aurait voulu la lui ôter, l’aspirer pour ne faire qu’un avec cette beauté si pure. Elle était fascinée par cela. Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi le destin avait décidé de donner une telle maitrise du monde et des âmes à un être aussi enclin à la rébellion. Parfois, elle arrivait presque à se demander pourquoi Sérille n’avait jamais essayé de la quitter. Parfait. Echo sourit. Oui, c’était cela la solution, sans doute. Elle était née nymphe, et elle mourra déesse. Ou alors elle vivra pour l’éternité. Elle était une nymphe, voilà tout. Parfaite. Perfection la plus brutale de la beauté de l’art. Et Echo la possédait à la manière d’un mari jaloux qui privé sa rose de la chaleur du soleil tout en lui autorisant la flamme d’une bougie. Quelle égoïste !

La discussion reprit de plus belle suite à cette courte interruption. Sérille sembla reprendre ses esprits et continua sur une voix plus fluette et curieuse sous le regard amusé d’Echo-Alice. Qui ? Sa voix était légèrement enrouée, suite sans doute au long silence qui avait suivi le monologue d’Echo racontant, retraçant sa vie. Un autre vampire n’aurait sans doute pas répondu à la question. Un autre vampire n’aurait pas été chercher son esclave pour l’écouter se plaindre de sa vie. Mais Echo avait une confiance aveugle envers Sérille et elle lui prouvait chaque jour un peu plus. Aujourd’hui, elle avait le désire de lui parlre de ce qui la blessait le plus. Ce qui faisait d’elle un être faible. Alors, elle décida de répondre en tout honnêteté. « John Constantine, l’avocat de l’Empereur. » Bref, mais assez explicite pour que Sérille voit de qui elle parlait. Echo doutait que César prenne plusieurs avocats, et elle doutait encore plus du fait que Sérille le connaisse. Mais enfin, pourquoi pas. Après tout, Seth avait semblé le connaître, et s’étonnait d’apprendre son identité. Echo baissa le regard. Elle avait alors eu l’impression de n’être qu’une enfant devant un caprice. Elle ne voulait pas qu’il l’approcher ? Pourquoi il était gentil pourtant. Non. Non, elle voyait plus que l’être gentil, attentionné, et travailleur. Elle voyait l’amant passionné, joueur et cruel. Elle voulait cela, cette image torturée de lui. Et elle l’aimait. Elle savait que c’était pour cela qu’elle l’aimait. Et lui ? Quelle raison aurait-il de revenir vers elle ? « Pourquoi ? Pourquoi vous a-t-il abandonnée ? Pourquoi est-il revenu aujourd'hui ? » Si Echo avait eu la réponse à ces questions elle n’en serait sans doute pas là aujourd’hui. Elle soupira, et tourna son regard vers les ténèbres de la nuit. Elle voulait répondre à ces questions, elle devait s’y efforcer. « Il est parti … parce que … cela devenait sans doute trop dur de m’aimer. Il se perdait, il n’était plus lui… il n’était plus personne. Je n’étais plus personne. » Elle essayait de mettre un mot sur ce sentiment de perdition depuis un siècle. Elle essayait de comprendre pourquoi il était parti depuis un siècle, mais elle n’avait pas la réponse. Elle n’aura jamais la réponse sans doute, et quant bien même, elle ne la comprendrait pas. « Il ignorait que je me trouvais là. Il … nous ne sommes jamais croisé jusqu’à présent. C’est … le hasard, ou le destin selon ce que vous préférez. » Ou alors ne l’avait-il pas cherché. C’était le hasard, il n’avait pas voulu la revoir. Elle préférait penser cela, même si c’était douloureux. Elle devait s’efforcer de le hair, chose bien difficile alors qu’il s’évertuait à la rendre folle. « S'il vous aime, s'il vous aime comme vous l'aimez, de tout son coeur... Pourquoi vous a-t-il fait tant de mal ? » Elle aurait voulu en rire, peut être que les choses auraient alors été plus simples. Mais elle n’en fit rien. « Parce que c’était notre façon de nous aimer. Nous nous haïssions, parce que nous ne pouvions pas être sans l’autre… C’était… Inexplicable. Passionnel. Destructeur. Parfait. » Voilà la raison de tout cela. Leur amour n’avait pas de logique, pas de romantisme. Il était ce qu’il était parce qu’ils étaient des êtres immortels. Ils se testaient, ils se détruisaient mutuellement. Parce qu’en réalité ils se détestaient. Ils se détestaient de s’aimer avec autant de passion et de violence. Et ils ne pouvait pas s’en empêcher. Elle ne voulait pas l’expliquer. Elle avait l’impression qu’exprimer ces émotions avec des mots leur ôtait leur beauté, et leur pureté. C’est immuable.

Il n’en était pas de même avec la relation qui unissait Sérille et Echo. Elle, elle était simple, elle avait quelque chose de simple et d’apaisant même qui plaisait à la vampire, trop peu habituée à tant de normalité. Une amitié, simple et belle. Calme, qui lui donnait l’impression de n’être encore qu’une humaine. « Je... Je tiens à vous, Echo. » Mais dans l’état des faits Echo ne pouvait pas simplement se laisser aller à un sentimentalisme exaspérant. « Peut être que vous ne devriez pas. » Murmura-t-elle en la regardant. Après tout Echo était une vampire, un messager de la mort qui l’emportait partout avec elle. Elle tuait sans vergogne, et bien souvent elle ne regrettait pas ses meurtres. Car à travers les yeux de Sérille ce devait être cela. Des meurtres. Certes, Echo ne tuait plus avec autant de cruauté depuis des années, mais cela faisait parti d’elle. Elle amenait la mort et la désolation partout avec elle. Sérille allait souffrir un jour que de la trop aimer. Un jour elle se rendra compte que l’amour d’Echo était moins généreux, qu’il était même enclin à un égoïsme cruel. « Je tiens à vous et je ne veux pas que quelqu'un vous fasse du mal. Je ne veux pas que cet homme vous détruise à nouveau. » Echo la regarda avec un étonnement non feint. La belle esclave parlait non pas avec sa tête, espérant entrer dans les bonnes grâces de son maitre. Elle parlait avec son cœur, et une sincérité qui émue la vampire. « Votre attachement me va droit au cœur Sérille. Sachez qu’il est partagé. » Dit-elle en souriant tendrement. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver un certain attachement envers Sérille. Elle n’aimait pas l’idée qu’un autre vampire lui fasse le moindre mal, et aucun vampire dans le château ne prendrait ce risque. Echo savait se faire discrète, mais ses crises de colère – de haines pures – en feraient sans doute trembler plus d’un. Par haine elle avait décimé des villages enter. Par pure jalousie elle avait anéanti des familles et torturé des hommes durant des décennies. Elle était un fléau. Et elle ne supportait pas que l’on joue avec ses jouets. Elle ne supportait pas l’idée qu’un vampire se permette de frapper Sérille. Elle la laissait jouer ou raconter des histoires aux Bridgestone, mais à part cela, elle ne la laissait que peu approcher des autres vampires. Parce que Echo ne leur faisait pas confiance. Et qu’elle ne voulait pas qu’on lui brise sa poupée favorite. « Ne pouvez-vous pas simplement... Cesser de le voir? » L’angoisse prit de nouveau la vampire qui secoua la tête. « Je crains que ca ne soit difficile… » En effet, ils travaillaient tous les deux pour César, et à présent qu’ils se savaient si proches ils se retrouveront. C’était évident. « Bien sûr que non. Vous ne pouvez pas. Vous l'aimez vraiment, n'est-ce pas, votre Sir ? » L’angoisse n’était plus seulement dans sa gorge mais prit également son ventre et étreignit son cœur. Elle allait vers la fenêtre et regardait la nuit. Est-ce qu’elle aimait vraiment John ? Elle ne savait pas. Bien sur que oui. Non. Peut être. C’était autre chose. « Je lui appartiens. Plus encore que l’aimer… son sang coule dans mes veines, nous sommes liés par quelque chose d’indicible. Le lien entre le Sir et son Infant est particulier. Unique. Il est le seul à … Avoir le droit de me tuer. » Cela résumait sans doute les choses dans l’esprit tordu d’Echo. John était le seul à avoir le droit de l’achever. Il le ferait ? Il disait pouvoir l’aimer à nouveau ? Et en quel honneur. Pourquoi cette fois et pourquoi pas la dernière fois ? Qu’est-ce qui avait changé… Son absence ? Mensonge. Elle s’effondra.

Les bras de Sérile vinrent l’étreindre et elle se laissa bercer par son esclave. Elle se rattachait à son odeur divine, et se laissait guider par sa voix doucereuse qui entonna une histoire. « Connaissez-vous l'histoire de la femme du teinturier ? » Echo secoua la tête, et resta dans cette position, la tête sur les jambes de Sérille, telle une enfant bercée par sa mère. Elle écoutait l’histoire avec un délice non feint. Elle regardait les yeux de Sérille, alors qu’elle se laissait elle-même prendre dans son histoire. Echo se demanda si elle inventait l’histoire à mesure où si elle la connaissait depuis longtemps. Puis elle oublia, et se laissa prendre par le récit. Elle souriait, pleurait, sursautait. Prise dans l’élan de sa narratrice plus que douée. Une conteuse d’histoire. Elle avait trouvé une diamant parmi de vieux galets, et compter bien le laisser brute sans se risquer à vouloir le tailler. Elle recherchait la pépite dans les escargots, angoissée à l’idée – sans doute – de quitter son mari qu’elle aimait tant pour un homme qui la terrorisait… « La suite... Bientôt. » Echo ne put contenir un grognement de mécontentement, et se releva pour sourire à son esclave. Embrassant son front avec bienveillance. « Votre don de conteuse, Sérille, est la chose la plus belle que vous possédiez. Vos paroles sont douces à la manière de votre musique. » Murmura-t-elle d’une voix douce. Elles se trouvaient sur le diva, où Sérille avait porté Echo plus tôt. Celle-ci n’en avait pas même pris conscience. Elle se tourna vers son esclave et se laissa aller contre son corps, s’allongeant la tête sur sa poitrine. Elle écoutait les battements de son cœur au plus proche.

« Votre Sir... » La voix de Sérille était douce. Echo comprit qu’elle ne voulait pas l’énerver, mais ne put contenir un sifflement agacé. Elle se tendit. « Parlez-moi de lui. » « Pourquoi ? » Echo était plus récalcitrante qu’énervée. Elle comprenait que Sérille ne voulait que son bien, qu’elle ne la poussait pas dans ses derniers retranchements uniquement pour le plaisir de la voir se débattre avec ses sentiments. Elle voulait l’aider. Elle était calme, douce, et lui caressait les cheveux d’une manière protectrice ce qui aidait la vampire à resté calme. « Il doit être... exceptionnel pour vous émouvoir ainsi. » Echo ne pouvait pas dire le contraire, cela serait mentir. Mais ce n’était pas seulement de l’émotion. C’était plus que cela. Elle prit une longue inspiration et parla d’une voix rêveuse, perdue, réfléchie. Comme si elle cherchait ses mots et les utilisait avec une grande précaution. « Je le vois … d’une manière unique, différente. Il est … l’homme le plus cruel, et le plus passionné que j’ai connu. Il m’a fait faire le tour du monde. Il m’a fait découvrir des choses que personne ne peut être capable d’imaginer. Il m’a appris à aimer, le plaisir charnel… John est quelqu’un d’étonnant. A la fois fidèle et aventureux. Sauvage et attentionné. Sans juste milieu. Extrême. C’est un chasseur hors paire… en tout cas, il était ainsi. » Sa voix se perdit dans le silence de la nuit. Il était ainsi, car apparemment il avait dû changer. Cela avait étonné Seth d’apprendre qui était réellement John pour Echo-Alice, cela avait perdu cette dernière. Et si réellement son ancien amant avait changé ? Et si elle pouvait lui redonner sa confiance ? Non … impossible. « On vous a fait beaucoup de mal, n'est-ce pas ? Pourtant, quand vous parlez de votre gentilhomme, vous... rayonnez. L'amour vous transforme. » Echo fronça les sourcils. Etait-ce vrai ? Alors le siècle qu’elle avait passé loin de John n’avait rien changé à son obsession et son amour démesuré pour lui. Elle était perdue, condamnée à lui être soumise jusqu’à la fin des temps. Cela la terrorisait. « Il a été l’unique être à me faire … ressentir ces choses là. J’ai beau avoir eu d’autres amants, à rechercher l’aventure, l’éphémère, le passager… Je le cherchais dans tous les regards, dans tous les gestes de ceux qui m’ont possédé. Mais cela me revenait comme une évidence. Ils ne pouvaient pas me donner ce don j’avait besoin. Pas même Seth. Pas même Elwing, ou Esfir. Parce qu’ils en sont pas John. » Voilà l’ignoble réalité. Insupportable mais salvatrice. Elle savait ce dont elle avait besoin, de qui elle avait besoin pour vivre, et pourtant, elle ne pouvait pas simplement se permettre de se laisser aller à l’aimer. Parce qu’aimer John revenait à se perdre et à prendre le risque de se laisser détruire encore. Et malgré tout, elle avait encore peur de mourir. « Est-ce vraiment une mauvaise chose d'aimer ? Qu'y a-t-il de plus vrai, de plus vivant que l'amour ? Peut-on se perdre dans un labyrinthe plus beau, empli de merveilles et de surprises, de déceptions et de colères, de tristesses et de joies ? » Lorsque Sérille parlait d’amour tout semblait beaucoup plus simple à Echo. Oui, il serait peut être plus simple de se laisser aller à l’aimer. Mais Sérille ne se doutait pas de ce qu’elle pouvait réveiller en sa maitresse en la poussant ainsi à faire le grand saut. « Quitte à perdre la tête ? J’étais un monstre Sérille. A l’époque où j’étais avec John je ne faisais pas attention aux autres. J’ai perdu mon humanité à ses côtés, je la perdrais sans doute encore. Il faut ressortir ce qu’il y a de plus … vampirique, de plus monstrueux en moi. » Dit-elle en se relevant pour se mettre face à son esclave. Elle la regardait dans les yeux, comme pour l’assurer de la véracité de ses propos. « Nous sommes de bêtes. De sang et de luxure. J’ai essayé d’être … plus humaine loin de lui. A cette époque je vous aurais tué sans une once de regret. Aujourd’hui je répugne à l’idée de savoir que quelqu’un puisse vous faire du mal… mon monde va de nouveau se restreindre à ses yeux et vous me perdrez sans doute. » dit-elle en se mordant la lèvre. Elle n’aimait pas cette perspective là. Elle ne voulait pas se perdre, elle ne voulait pas disparaître à nouveau. Elle avait appris à compatir envers les humains en vivant parmi eux. Jamais elle n’avait fait cela avant d’arriver à HeartkilleR. Avant d’arriver sur l’île elle n’avait vécu qu’avec un vampire, John. Et c’est tout. Elle n’avait pas pris la peine de regarder le reste, ou de se concentrer sur autre chose que sa soif constante : de sang, de lui, de sexe. Rien de plus n’avait d’importance à ses yeux à l’époque. « Echo, vous êtes vivante. Vous vivez ici et maintenant. Pourquoi refuser ce qui s'offre à vous ? Pourquoi se tourmenter pour les choses que vous ne pouvez changer ? Vivez. Vivez. Et soyez heureuse, même si ce n'est que pour une heure, un jour, une année. Si vous ne pouvez résister, cédez au moins de votre plein gré. » Echo se recroquevilla sur elle, ramenant les genoux contre sa poitrine. Elle commença à se balancer d’avant en arrière, geste compulsif et désordonné qui la calmait et l’aider à réfléchir. Tout en l’empêchant d’exploser. « Je devrais donc me perdre à nouveau … Et s’il me quittait ? Et s’il me trompait ? Je n’ai nulle confiance en lui. Il a perdu cette confiance le jour où il m’a quitté sans raison. » Elle enfouit son visage entre ses jambes et arrêta tout mouvement. Elle respirait profondément comme pour se calmer, comme si elle était au bord des larmes sans vouloir s’autoriser à pleurer. Elle reprenait doucement ses esprits.

Elle releva le visage, et s’assit plus convenablement en prenant un verre de sang qui se trouvait sur la table. Elle le fixait. « Comprenez vous mes raisons d’avoir peur Sérille ? Je … j’ai besoin de réapprendre à le connaître. A lui faire confiance. Ou sinon ce serait… comme être face à une merveilleuse tentation, irrémédiablement attirée, sans oser la toucher de peur qu’elle ne soit empoisonnée. Je laisserais son poison s’infiltrer en moi, me faire pourrir avant de me réduire en cendres. » Dit-elle dans un murmure. Elle avait l’impression de ne pas pouvoir parler à pleine voix, de ne pas pouvoir hurler. Elle l’aurait sans doute voulu si elle l’avait pu. Mais non, sa voix restait coincée dans sa gorge. Elle était incapable d’esquisser le moindre mouvement brusque. Elle était coincée dans son propre corps. Prostrée. « Vous devez me prendre pour une folle. Je ne suis qu’une enfant gâtée vous avez sans doute raison. Peut être devrais-je vous rendre votre liberté. Peut être devrais faire preuve de compassion à votre égard. Peut être devrais vous ramener sur le rivage. A New-York ? A Paris … Vous y laissez. » Elle rit. Un rire presque mécanique, déshumanisé, comme si elle n’avait plus conscience de ce qu’elle disait. Comme si elle riait machinalement à une mauvaise blague. Elle devenait folle. Elle but le verre de sang, et parla d’une voix plus professionnelle encore, omettant toute la conversation qui venait d’avoir lieux. « Nous risquons d’avoir des affaires à régler avec les Roumains, si nous venons à organiser un voyage dans leur pays je vous veux à mes côtés. » Dit-elle bien que cela fut une évidence. Elle ne laisserait jamais Sérille à l’arrière. Elle termina son verre et se tourna vers l’esclave. Elle lui caressa la joue, presque amoureusement, et se leva. Elle se déshabilla et chercha dans son armoire une robe à porter. Elle ne voulait pas sortir, mais elle avait besoin de s’occuper les mains pour ne pas se laisser emporter par le flot de ses pensées et finalement devenir folle à force de tourner et retourner des évidences dans son esprit tordu. « Je suis une égoïste Sérille… Je ne vous laisserai jamais partir. Je vous désire entièrement mienne. C’est plus que … le désire de vous avoir comme esclave. Je vous admire. Je vous aime. » SA voix était plus dure. C’était celle d’une vampire de plus de trois cent ans qui parlait à son esclave. Non… Pas à une esclave. Un rêve. Sérille était un rêve dans son Royaume des ombres. Une porte vers l’espoir et la salvation.


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