La pluie tombait doucement sur l'île. Devant la fenêtre, le regard perdu vers l'horizon je réfléchissais. Rarement je pouvais apercevoir la pluie ici, elle se faisait rare et donc précieuse. Pourtant j'adorais ça car dans mon ancienne Russie il pleuvait souvent, mes parents adoptifs adoraient écouter le bruit de la pluie sur le toit de notre maison, c'était notre passe-temps préféré. Et même si sur cette île la pluie se faisait rare, il arrivait qu'elle tombe. Quand cela arrivait, j'aimais passer mes journées enfermés, dans un silence seulement troublé par le son des gouttes se fracassant contre les vitres. Depuis quelques temps nous avons une nouvelle esclave... Lucille. Une jeune de 16 ans et je ne connais rien de son histoire, à vrai dire je m'en moque un peu je ne sais qu'une chose, elle est Russe comme moi. Moscou m'a-t-on dit. Cette pensée me fit sourire, nous avions au moins un point commun ! Je pouvais peut-être la laisser vivre plus longtemps si elle ne se montrait pas trop rebelle. Mais c'était peine perdu, je le voyais dans ses yeux elle n'attendait qu'une seule occasion pour répliquer. La crise d'adolescence ! Elle allait lui être fatale si elle ne se méfiait pas, je n'étais pas un tendre au contraire !

Seul Ava était l'exception... Ha Ava ! Ma chère Ava, que m'as-tu fais ? Ton emprise sur moi et telle que tu es la seule esclave qui n'a pas rendue son dernier souffle. Je suis incapable de te faire du mal, l'idée même de te faire souffrir m'est impossible. Je souris alors que son visage danse devant mes yeux. Soudain, quelqu'un toqua à la porte de mon salon, je lui ordonnais de rentrer pour tomber sur un de mes esclaves. Comment s’appelait-il ? Je ne le savais même pas... Il ne ferait pas long feu c'était certain. « Maître avez-vous besoin de quelque chose ? Un verre ? » Sans doute essayait-il de bien se faire voir en jouant au parfait petit esclave attentionné. Mais j'appréciais son geste tout de même. « Non. En revanche que fait Lucille ? Toujours dans ses rêves ? » Un instant il sembla embarrassé par ma question comme si il allait avouer un secret à un bourreau. Je pris son silence comme un aveu et sans même le regarder sortis de mon salon pour me diriger vers les chambres des esclaves. J'entrais dans la chambre de Lucille sans même frapper, j'étais chez moi et que pouvait elle faire d’intéressant ? Et puis même si je la dérangeais je m'en moquais royalement ! Je la vis sur son lit, perdue dans ses pensées. Comme d'habitude elle préférait me désobéir et n'en faire qu'à sa tête plutôt que faire ce que je lui demandais. Mais plutôt que d'être énervé ou quelque chose comme ça j'attirais son attention avec un raclement de gorge tout sauf discret. J'avais en horreur les gens qui révassaient, et Lucille adorait cela pourtant. De ce fait, j'étais souvent sur son dos pour la remettre en place.

Elle se tourna vers moi et m'étudia un instant. Son regard croisa le mien pour ne plus le lacher. Je détestais ça quand j'entrais dans une pièce j'aimais que mes esclaves baissent les yeux. Après tout ils étaient inférieurs à nous, ils n'était qu'une simple nourriture à nos yeux. Et à vrai dire je les détestais plus encore que n'importe qui d'autre. Ce qui expliquait les tortures que je leur faisais subir aussi... Pour en revenir à Lucille elle me fixait d'un air arrogant, chose que je ne supportais pas. Une idée naquit dans mon esprit, pourquoi ne pas m'amuser un peu ? Elle refusait de faire les corvées que je lui imposais ? Bien ! J'allais l'obliger alors. Je remarquais dans un coin son bureau où traînait quelques livres, des feuilles et de quoi écrire. Je m'en approchais et alors lentement je fis tomber tout son contenu par terre. Un des livres resta sur la table, je le pris avant d'en déchirer les pages une par une et de les jeter dans la pièce. Elles volèrent délicatement avant de s'échouer au sol sans un bruit. « Ramasse. Et que ce soit propre à mon retour. » Elle voulait jouer la rebelle, et bien je n'attendais que ça ! J'allais la pousser à bout et lui montrer qui était le maître, qui commandait et surtout qui était le simple mortel, pathétique.

Je prenais un plaisir malsain à l'humilier. Je ne supportais pas la désobéissance et elle adorait cela ! Je la vis s'agenouiller devant moi et ramasser ses feuilles sans broncher... Allons bon ! Mais la destruction de son libre sembla le mettre dans une rage folle et comme je m'y attendais, elle se leva pour se planter devant moi, en colère. Enfin en colère était vite dit... Si elle voulait me voir énerver elle allait avoir peur. Sa petite crise me fit sourire alors qu'elle osait me répondre avec la fougue qui caractérise un adolescent. « Je te déteste ! J’aimerai que tu meures ! Que tu meurs comme un vulgaire poisson ! Tu ne mérites pas d’être russe ! Tu te prétends plus fort que nous, plus puissant, supérieur à nous autre humain. C’est au nom de cette supériorité que tu nous transformes en esclave ! Mais qui es-tu réellement ? Tu n’es qu’un vampire, un monstre… rien de plus. » Mais... C'est qu'elle osait me montrer les crocs la fourbe ! Alors que je riais de sa petite crise, elle osa me dire que je ne méritais pas d'être Russe. Mes racines étaient la seule chose qu'il ne fallait pas me toucher sous peine de finir décapiter. Je suis un vampire ? Un monstre ? Ho ma jolie je le sais déjà... Mieux que personne !

Les gens qui ont massacrés ma famille nous ont aussi accusés d'être des monstres et c'est au nom de cette monstruosité que ma famille n'est plus aujourd'hui. Supériorité ? Bien sûr que je suis supérieur ! Qui oserait en douter ? Je la laissais partir, lui laissant l'espoir de pouvoir me fuir. Elle pleurait c'était sans aucun doute mais j'avais réussi. Elle était hors d'elle et j'allais enfin m'amuser. Je ne voulais qu'une chose c'était qu'elle laisse la rage et la colère l'emporter et c'est en touchant ce livre, aussi futile soit-il que j'avais réussi. Je me détournais de la chambre et la suivis à travers les couloirs d'un pas rapide. Son odeur me guidait jusqu'à elle et, rapidement je la retrouvais pleurant des chaudes larmes dans le jardin. Recroquevillé comme un enfant elle me fit de la peine un instant. Bon certes pas longtemps tout de même ses remarques de tout à l'heure me restaient en travers de la gorge, mais quand même un peu. Avant de partir de la chambre j'avais ramassé son libre qui, il fallait le dire était en mauvais état. Je lui en ferais commander un autre peut-être... Si l'envie me prenait.

Je marchais vers elle et m’accroupis à ses côtés. « Arrête de pleurer. » C'était plus un ordre que quelque chose pour la réconforter. J'étais incapable de ressentir de l'empathie envers les humains, ils étaient tellement faibles ! Tellement ignorants que l'envie de les massacrer me serrait à chaque fois que je les voyais pleurer comme des enfants. « Alors comme ça je ne mérite pas d'être Russe ? » Ma main droite se posa sous son menton et je la fis tourner la tête vers moi sans aucune douceur. Je serrais ma poigne et nul doute, que demain elle aurait mal à la mâchoire mais peu m'importe. « Qui es-tu toi pour juger ? Qui es-tu toi pour me dire si je mérite ou pas d'être Russe ? » Je fixais son regard, lui faisant comprendre que je ne jouais pas. « Tu voudrais... Que je brise tes os un à un ? Ensuite que je te fasse boire mon sang pour que tu cicatrice plus vite avant de te torturer encore et encore ? » J'étais sérieux et peu m'importait son age. J'en avais torturé des plus jeunes qu'elle et si elle voulait jouer, je pouvais aller très loin. A vrai dire je ne le voulais pas. La torturer pour une simple parole dépassant sa pensée serait ridicule, mais il valait mieux pour elle qu'elle ne s'enfonce pas. Et surtout qu'elle ne me cherche pas car c'était sans aucun remord que je mettrais mes menaces à exécution.